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 Le suicide chez les enfants - Le désespoir précoce

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MessageSujet: Le suicide chez les enfants - Le désespoir précoce   Le suicide chez les enfants - Le désespoir précoce EmptyMar 30 Oct - 11:42

Le suicide chez les enfants - Le désespoir précoce
Par : Marie-Andrée Chouinard


Que se passe-t-il donc dans la tête d'un enfant pour que la mort, sa mort, y revienne soudain telle une rengaine ?


Au Québec, les statistiques sur la question du suicide ont de quoi étourdir. Phénomène complexe s'il en est un, cette mort abrupte et ses prémisses sont plus troublants lorsqu'il est question d'un enfant, qu'on imagine mal songeant à mettre fin à ses jours. Cette réalité existe pourtant bel et bien, et les idées suicidaires d'un enfant, même s'il passe rarement de la parole au geste, camouflent un malaise auquel il faut s'attarder.

«Je me sens toujours mal. À l'école, je suis toujours timide et j'en parle à personne. Ma mère ne sais pas que je vous écrit car sinon elle voudrais que je voiye un psy chaque semaine comme avant et cela ne me tente vraiment pas. Dans ma vie il y a juste des chose négative. Souvent je me dis: "Si la vie est juste faite de chose négative pourquoi vivre?" Souvent je pense au suicide j'en est juste parler à une best mais je veux juste y parler par écrit car je n'aime pas ça en parler directement. Le soir quand je me couche tout se qui me vien en tête s'est "suicide". SVP aider moi car je ne pense pas tenir très longtemps.»

C'était sur le site de Tel-Jeunes, sous la rubrique Témoignages et suicide, et celle ou celui qui livre ainsi ses blessures n'a que 11 ans et intitule son message «Je suis écoeurer». Que faire avec de telles déclarations?

La question du suicide chez les enfants de 6 à 12 ans est à prendre avec des pincettes. Tous ceux à qui vous en parlez, chercheurs, médecins, intervenants de tout acabit, vous écouteront poser vos questions avec une certaine méfiance, inquiets -- et avec raison -- des répercussions possibles d'une hypermédiatisation du suicide chez les jeunes.

Le sujet est délicat, et on croit qu'en parler de manière sensationnelle, à coups de statistiques et de descriptions scabreuses, a une incidence sur ceux et celles qui reçoivent l'information et seraient tentés de gonfler la statistique. «C'est un sujet très délicat et je pèse toujours mes mots quand je décide d'en parler, je pense continuellement aux enfants», explique d'ailleurs Rachel Bigras, qui termine actuellement une thèse doctorale sur la question du suicide chez les enfants.

Une porte

«Des enfants de 6-12 ans qui pensent à se tuer? Il y en a beaucoup. Mais ça ne veut pas dire que ces enfants-là vont se tuer entre 6 et 12 ans, explique Mme Bigras, qui préfère ne pas entrer dans le vif de sa thèse ni illustrer son propos de données qui pourraient faire basculer de l'analyse au drame. Mais quand un enfant commence à utiliser cette façon-là de penser pour échapper à ses problèmes, pour résoudre ses conflits, il y a déjà une petite porte d'ouverte.»

«D'habitude, les enfants ne se tuent pas, mais leur conception du suicide jeune peut influencer l'option de se tuer plus tard, à l'adolescence ou à l'âge adulte», explique le Dr Brian L. Mishara, directeur du Centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie (CRISE), lié à l'UQAM. «Si on apprend jeune que le suicide est une façon possible de régler des problèmes incontournables et que c'est dans notre répertoire des possibilités, plus tard on peut penser au suicide», ajoute le chercheur, qui dirige par ailleurs la thèse de Mme Bigras.

Chez le père Noël

À Postes Canada, qui achemine chaque année 220 000 lettres au père Noël, on doit généralement en transmettre une centaine au département de pédopsychiatrie de l'hôpital Sainte-Justine. Ce sont des lettres troublantes, qui évoquent la mort et camouflent un mal de vivre important, et dont la réponse nécessite une expertise précise. «Cher Père Noël», écrit ce petit bout de chou qui affirme souffrir de la séparation de ses parents, «envoie-moi une petite pilule pour dormir».

Que se passe-t-il donc dans la tête d'un petit bonhomme ou d'une petite bonne femme destinés au plaisir et aux jeux pour que la mort, sa mort, y revienne soudain telle une rengaine? L'idée du suicide est précédée d'un contexte aux multiples causes. Plus d'un facteur peut expliquer que la détresse d'un enfant le mène à vouloir en finir avec la vie. «On pense parfois à l'hyperactivité, à la dépression, à des enfants qui vivent des impasses relationnelles importantes, sont déplacés de foyer en foyer, vivent de graves carences affectives, explique Bernard Boileau, pédopsychiatre à l'hôpital Sainte-Justine. Des traumatismes importants, des événements qui ont mis en danger la vie des enfants, des abus aussi, tout cela peut amener l'enfant vers des idées suicidaires.»

Arrivé à la salle d'urgence de l'hôpital Sainte-Justine parce qu'on s'inquiétait, par exemple, des propos sombres qu'il tenait en public, l'enfant fait ensuite l'objet d'une profonde analyse. «Les idées suicidaires verbalisées par les enfants méritent une évaluation particulière et ne doivent pas être banalisées; il faut faire attention de bien analyser des paroles comme celles-là», explique le médecin.

Vérification

Lorsqu'un enfant tient des propos suicidaires ou morbides, une consultation en pédopsychiatrie devient nécessaire. «On ne sait jamais trop ce qu'il y a en dessous de cela, poursuit le Dr Boileau. Ça peut être une verbalisation impulsive de la part d'un enfant qui n'a pas nécessairement d'intention suicidaire, mais parfois, il y a des enfants qui sont aux prises avec des psychopathologies importantes ou des situations personnelles extrêmes et qui sont franchement très désespérés.»

Mais que comprend-on de la mort à 6 ans? «Pour le très jeune enfant, la mort n'est pas irréversible», explique Brian L. Mishara. Confronté tôt à l'idée du suicide par les ambitions bruyantes de la télévision, dans les dessins animés par exemple, l'enfant connaît cette réalité dès son plus jeune âge, même si le mot «suicide» ne lui dit parfois rien avant 7 ou 8 ans.

Bugs Bunny ou Road Runner ont présenté maintes fois qui le lapin, qui le coyote, rescapés d'une vertigineuse chute du haut d'une falaise ou d'un pistolet propulsant non pas des balles mais un gros «bang!» écrit sur un fanion. Le téléroman Virginie, inoffensif en apparence, a évoqué le suicide d'un élève à des heures d'écoute familiale, et les tragiques attentats suicide lors des événements du 11 septembre démontrent que les enfants ont aisément accès à la réalité du suicide.

Mais l'enfant ne comprend pas la mort comme un adulte. À preuve, cet échange tiré d'une enquête menée en 1995 par le Dr Mishara et son équipe sur la conception du suicide et de la mort chez des enfants de 6 à 12 ans.

-- «Est-ce que les personnes mortes peuvent voir?»

-- «Non.»

-- «Pourquoi?»

-- «Parce que leurs yeux sont fermés.»

-- «Si elles ouvraient les yeux, pourraient-elles voir?»

-- «Non, parce qu'il fait noir dans le cercueil. Mais si elles avaient une lampe de poche, elles pourraient bien voir.»

«Quand un enfant parle de la mort, de sa mort, il faut s'attarder à ce qu'il veut dire sans pour autant dramatiser ce que l'enfant dit, poursuit M. Mishara. Qu'entend-il par "mourir"? Comment veut-il le faire? Il y a très peu d'enfants qui passent à l'acte, mais il est important de ne pas être soulagé juste par le fait que ça se passe rarement, parce que le seul fait d'en parler est un appel à l'aide.»

Les statistiques québécoises, que le Bureau du coroner distribue avec beaucoup de délicatesse, tant le sujet dérange, démontrent une légère hausse du phénomène au fil des ans. En 1989, on comptait 3 suicides chez les 10-14 ans, contre 8 en 1999 et en 2000 également. Les statistiques canadiennes, elles, révèlent 18 cas de suicide chez les 5 à 9 ans entre 1970 et 1992. «Si les suicides sont rares chez les enfants de moins de 10 ans, les jeunes enfants sont capables d'actes suicidaires et d'automutilations volontaires», notait Santé Canada dans Le Suicide au Canada, publié en 1994.

Les idées avant l'acte

Les suicides de jeunes enfants, peut-être parfois associés à des accidents, sont vraisemblablement «sous-déclarés», ajoute l'étude. Une pendaison ou un enfant décédé sous les roues d'un véhicule peuvent en effet avoir été associés à des morts accidentelles, alors qu'en réalité il s'agissait de morts volontaires.

Avant le décès, les «idées suicidaires» ont souvent circulé dans l'entourage de l'enfant, ce qui laisse place à une intervention. «L'idée suicidaire est le signe qu'une situation est invivable pour l'enfant, explique le Dr Boileau. Il faut partir à la recherche de cet invivable et appliquer une solution thérapeutique appropriée, pour que l'enfant retrouve un fonctionnement psychique qui lui permettra de reprendre espoir et le goût de vivre.»

Parents et enseignants, souvent au premier rang pour recevoir des confidences troublantes, ne savent pas toujours comment en disposer, perturbés par la nature du propos en liaison avec l'âge. Une étude réalisée par un groupe de chercheurs de l'Université du Québec à Trois-Rivières et dévoilée en mai au Congrès de l'Acfas démontre clairement que le corps enseignant aurait tout intérêt à savoir mieux composer avec les idées suicidaires ou

morbides.

Cinquante-six pour cent des enseignants du secondaire interrogés par Denis Rhéaume, Ghyslain Paquet et Patrick Boulet, dans le cadre d'une enquête sur «le sentiment de compétence et le désir d'implication des enseignants québécois en relation avec la détresse psychologique et la prévention du suicide chez les élèves du secondaire», affirment en effet n'avoir jamais reçu de formation sur la question du suicide.

Pourtant, 62 % avouent en contrepartie avoir reçu les confidences d'au moins un élève «qui leur a indiqué une détresse psychologique profonde» (dans 26 % des cas, c'était au sujet d'une intention suicidaire) et 34 % ont confié se sentir «aucunement ou peu compétents» pour apporter leur soutien aux élèves. Dans le cas de confidences ayant trait au suicide, ce pourcentage d'impuissance s'élevait à 51 %!

Décoder les propos

«Si j'avais un message à livrer aux parents, aux enseignants, aux intervenants, à tous ceux qui sont en contact avec des enfants qui vont tenir des propos équivoques autour d'un attrait pour la mort, je dirais de s'inquiéter non pas seulement de la perspective de la mort de l'enfant, mais aussi et surtout de ce que les propos de l'enfant traduisent», explique Rachel Bigras. «Les gens réagissent beaucoup à l'idée de la mort, sans aller voir sous cette idée. Il n'est pas normal qu'un enfant de 6 à 12 ans parle d'un attrait envers la mort, répète ou laisse savoir qu'il aimerait aller rejoindre quelqu'un de décédé; il faut s'inquiéter de cela pour le problème qui est sous-jacent aux propos.»

Les pédopsychiatres du Québec ont d'ailleurs émis au printemps dernier leur politique en ce qui concerne la «prévention, l'évaluation et l'intervention auprès des enfants et des adolescents présentant des comportements suicidaires». «Au Québec, le suicide chez les jeunes et les enfants est un problème de santé publique sérieux qui doit faire l'objet d'une action prioritaire», y écrit-on d'entrée de jeu. Mais l'absence de concertation entre les divers intervenants quant à la manière d'agir ne facilite cependant pas l'action auprès des jeunes, poursuit-on dans le document, qui insiste sur la nécessité de changer cet état de fait afin d'assurer la réussite des interventions auprès des jeunes qui présentent un risque suicidaire élevé.
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