Les professeurs font face à une surcharge de tâches qui devient lourd d’assumer.
À partir des résultats et de leur analyse, il est facile de faire le lien entre l’hypothèse soulevée que : les élèves estiment l’accessibilité de leurs professeurs insuffisante. En effet, le phénomène du décrochage scolaire se révèle d’autant plus explicable grâce à cette réponse claire, soit le sentiment qu’il y a un manquement au niveau des enseignants. Cependant, il reste à se demander si ceux-ci sont à blâmer dans cette situation. Il est important de bien observer la dynamique du système scolaire pour comprendre comment remédier au problème efficacement. Les élèves ont affirmé d’emblée qu’en période de difficultés, ils ont essayé de rejoindre un enseignant. Ces mêmes élèves ont également répondu qu’ils leur semblaient difficile d’obtenir l’aide d’un professeur.
Or, il importe de bien explorer la signification un peu floue d’un manquement au niveau des enseignants. Ironiquement, le manquement se présente sous plusieurs formes. Dans les écoles, les enseignants sont souvent confrontés à des classes surchargées avec beaucoup plus d ‘élèves qu’il est souhaitable pour assurer un bon déroulement des cours et de l’assimilation de la matière. Des classes surchargées impliquent donc plus d’élèves ayant des questions pour le professeur, moins de temps de la part du professeur à allouer à chacun de ces élèves, en difficulté ou pas. Dans un même ordre d’idée, le contexte social actuel est très précaire face à la conciliation travail/famille. De plus en plus, les deux parents ( ou tuteur(s) ) de l’étudiant travaillent, et travaillent plus tard. Le rôle d’éducation ne s’assume plus aussi facilement lorsque l’horaire est comprimé pour le gagne-pain quotidien. Les parents qui, faute de temps, ne peuvent pas toujours aider leurs enfants, n’ont souvent pas d’autre choix que de s’en remettre à l’enseignant. Le problème dans cette situation est que l’enseignant est responsable de l’apprentissage de ses élèves ainsi que de la vérification des acquis appris. Il ne peut pas assumer le rôle de l ‘éducation de certains élèves dans une classe voir de tous les élèves de sa classe ( ou de l’une de ses classes), car encore une fois, il ne dispose pas du temps nécessaire pour bien encadrer un élève en deça de la mission éducative de l’école, soit d’acquérir de nouvelles connaissances plutôt que de savoir comment se comporter dans la vie. De plus, un autre aspect important à souligner est celui de la discipline en classe. Les enseignants qui doivent faire face aux élèves turbulents ne disposent pas de moyens appropriés pour bien rectifier la situation. Très souvent, la politique de la direction pour la discipline doit être rigoureusement appliquée sans quoi l’enseignant risque de créer un précédent en tentant de régler à sa façon un problème avec un élève indiscipliné; précédent qui pourrait coûter l’emploi de l’enseignant (ou le contrat de suppléance bien souvent). Il devient aussi très difficile de garder une classe à l’ordre si on ne dispose pas d’une pédagogie appropriée en matière de discipline pour une classe surchargée. La coopération des parents dans certains milieux est quasi-inexistante. Souvent occupés avec leur emploi, les parents sont fatigués et ne veulent pas nécessairement aller chercher leur enfant en retenue a 18h00, l’enseignant doit confronter les parents en colère et se retrouve bien seul dans un système nécessitant une coopération sociale. La tâche devient tellement lourde à porter que depuis cinq ans, 3000 enseignants ont quitté la profession, sans compter les retraites. Parmi les enseignants présent en 1999, 5 ans plus tard, 15% d’entre eux avaient décroché de la profession. Le problème du décrochage scolaire est d’autant plus critique avec cette réalité dans le milieu enseignant, qui est tout à fait chancelant. Il devient même impératif de constater maintenant la gravité de la situation si on ne veut pas avoir un problème encore plus sérieux dans le futur. Pour pallier aux lacunes du système, il y a un choix de société auquel nous devons faire face. Le budget investi en éducation est inadéquat et pour aider les enseignants à exercer leur fonction efficacement, nous devons les soutenir et les outiller de manière appropriée. Un refu de payer plus de taxes pour améliorer le système d’éducation ne fera rien pour remédier à la précarité de l’emploi. La formation que reçoit l’enseignant ne le prépare pas à la réalité des milieux scolaires difficiles souvent attribués aux nouveaux dans le métier. Certains milieux comportent même de la violence directe envers les jeunes enseignants, verbale et physique ( 94%) ont vécu au moins un incident violent au cours de leur carrière.
La réponse des jeunes à certaines questions touchant leurs enseignants peut être biaisée par des facteurs comme leur propre initiative et l’ampleur des démarches qu’ils ont utilisé pour obtenir l’aide d’un professeur. Il n’en demeure pas moins que nous pouvons spéculer sur l’existence d’un problème beaucoup plus grand derrière cette constatation confirmée par la majorité des répondants. Si la situation dans le monde de l’enseignement est critique pour les décrocheurs qui ont grandement besoin du support de leurs professeurs, il m’apparaît comme évident que nous devons renforcir notre système scolaire au Québec. Pas seulement pour les étudiants qui nécessitent le support pédagogique, mais aussi pour les enseignants qui ont besoin de support dans un métier ou trop souvent, ils sont laissés à eux-mêmes.
En finançant des moyens de renforcement, la profession perdrait moins de futurs prospects et cela serait un début pour faire tourner la roue dans le bon sens, jusqu’aux élèves qui se sentent parfois trop distant par rapport à leurs professeurs. Une souplesse dans l’administration des établissements scolaire qui laisse une marge de manœuvre aux professeurs et qui les aide à mieux discipliner leurs classes. Ultimement, un système actif de soutien qui viserait à enrayer le problème de violence envers les enseignants serait également un excellent moyen de corriger la situation. Par ailleurs, des sujets comme le matériel scolaire ou les salles de laboratoire ou salle de laboratoire informatique concernent aussi le budget à investir dans l’éducation, car ils sont les outils avec lesquels les apprentissages se font.
En recherchant auprès des étudiants, nous avons pu interpréter plusieurs réalités connexes au problème du décrochage scolaire. En confirmant mon hypothèse que l’accessibilité des professeurs pour leurs élèves est insuffisante donc inadéquate, j’ai été en mesure de soulever la polémique derrière la précarité de l’enseignement actuel. En découvrant que les étudiants n’étaient pas toujours à l’aise avec leurs enseignants et que 31 décrocheurs sur 32 ont demandé de l’aide en situation de difficultés scolaires, l’importance de rappeller que le décrochage est un problème présent est sérieuse. Il aurait été intéressant d’aborder les enseignants et de tâter leur pouls pour mieux comprendre la situation alarmante dans les 2 bouts du système d’éducation, qui réside derrière le phénomène du décrochage scolaire au Québec.
