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 L’adolescence :une crise saine et sans remède

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Baxter
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MessageSujet: L’adolescence :une crise saine et sans remède   L’adolescence :une crise saine et sans remède EmptyMer 17 Oct - 9:39

L’adolescence :une crise saine et sans remède

À l’heure actuelle, on s’intéresse dans le monde entier à l’adolescence et aux problèmes qui y sont reliés. La phrase qui suit a été écrite par celui que je considère comme le plus grand gourou de la psychologie moderne dans ce domaine. Il s’agit de Donald Winnicott, médecin psychiatre et psychanalyste. Chaque fois que j’éprouve le besoin d’une synthèse sur une question concernant la jeunesse, je me tourne vers ses ouvrages, particulièrement un livre qui s’intitule De la pédiatrie à la psychanalyse. C’est intéressant de savoir qu’il a écrit cela en 1958. Une fois de plus, je me demande : comment se fait-il que si peu de gens aient assimilé les informations de Winnicott au sujet de l’adolescence, et qu’il faille, en 1999, poser des questions auxquelles il a déjà répondu en 1962?

D’après :

WINNICOTT,
Donald W.
De la pédiatrie à la psychanalyse,
Éd. Payot,
Coll. "
Sciences de l’homme ",
1958.



L’adolescence :
un des âges
de la vie

Voyons ce qu’il écrit :
" Cette phase du développement fait l’objet de nombreuses études et on a vu naître une littérature nouvelle. […] Cette nouvelle manifestation d’intérêt de la société n’est pas étrangère aux conditions sociales particulières à notre temps. Ceux qui explorent ce domaine de la psychologie doivent savoir que les adolescents – garçons ou filles – ne désirent pas être compris."

La pensée de Winnicott va toujours très loin, c’est une pensée provocante. Il précise que les adolescents préfèrent demeurer un mystère pour les gens qui les entourent.

" Il faut que les adultes gardent pour eux ce qu’ils parviennent à comprendre de l’adolescence. Il serait absurde d’écrire un livre sur l’adolescence à l’intention des adolescents, car cette période de la vie, qui est essentiellement celle d’une découverte personnelle, doit être vécue. Chaque individu est engagé dans une expérience, celle de vivre – dans un problème, celui d’exister.

" Il n’existe qu’un seul remède à l’adolescence, et un seul, et il ne peut intéresser le garçon ou la fille dans l’angoisse. Le remède, c’est le temps qui passe et les processus de maturation graduels qui aboutissent finalement à l’apparition de la personne adulte. On ne peut ni les accélérer ni les ralentir, mais en intervenant on risque de les interrompre et de les détruire, ou encore ils peuvent se flétrir du dedans et aboutir à la maladie mentale. – Je trouve que ce propos calme un peu les esprits. – L’adolescence est quelque chose qui subsiste toujours, mais il ne faut pas oublier que tout adolescent devient en quelques années un adulte. "

Je vais continuer en effectuant un petit montage à travers les réflexions de Winnicott. " Chaque adolescent a connu des moyens organisés de se garder de la souffrance ou d’accepter et de tolérer les conflits inhérents à [des] conditions essentiellement complexes ", écrit-il en se référant aux modifications dues à la puberté, alors que l’adolescent " parvient au développement de la capacité sexuelle et aux manifestations sexuelles secondaires avec un passé personnel qui comprend entre autres un système personnel d’organisation de défense contre l’angoisse, quel qu’en soit le type ". Par des attitudes, des comportements, etc.

Plus loin, Winnicott parle de l’organisation du Moi pour faire face à " cette nouvelle poussée du Ça ". Car, en même temps, le Ça c’est vital, c’est l’instance inconsciente de la psyché. Et justement, au moment de l’adolescence, on assiste à une poussée incroyable du Ça, comparable peut-être à la poussée du Ça qui provoque la naissance. " Comment les modifications de la puberté s’intègreront-elles dans le schéma de la personnalité particulier à l’individu en question? se demande-t-il. […] Une grande part des ennuis pour lesquels on consulte sont dus à une carence du milieu; ce fait seul souligne l’importance essentielle de l’environnement et du cadre familial, chez la plupart des adolescents qui parviennent effectivement à la maturité d’adulte, même s’ils donnent se faisant des soucis à leurs parents. "

L’incident du Colorado aura provoqué toute une interrogation au sujet de l’adolescence et c’est intéressant de voir comment ce maître à penser de la psychologie moderne qu’est Donald Winnicott arrive à nous éclairer dans un article paru trente ans plus tôt. Il y est question, entre autres, de l’opposition et de la complémentarité de deux aspects dans l’attitude des adolescents : une attitude de défi et une attitude de dépendance. " Chez ces jeunes, et c’est une caractéristique de cet âge, alternent rapidement l’indépendance qui défie, et la dépendance régressive; parfois même les deux extrêmes coexistent pour un temps. "

Il parle ensuite de l’isolement de l’individu : " L’adolescent est essentiellement un isolé. […] De ce point de vue, on retrouve dans l’adolescence une phase essentielle de la petite enfance, car le petit enfant est un isolé. Au moins jusqu’au moment où il […] s’est établi comme un individu bien distinct et séparé. " L’importance des groupes, également un point qui nous inquiète : " Les jeunes adolescents sont des isolés rassemblés, qui s’efforcent par divers moyens de former un agrégat en adoptant une identité de goûts. Ils peuvent se grouper s’ils sont attaqués en tant que groupe, mais c’est là une organisation paranoïde en réaction à l’attaque; si la persécution cesse, les individus redeviennent un agrégat d’isolés. "

En parlant de la sexualité : " La sexualité apparaît avant l’aptitude à l’assumer. […] Une activité masturbatoire compulsive peut représenter une façon de se débarrasser de la sexualité plutôt qu’une forme d’expérience sexuelle ", explique-t-il. Il précise ensuite que " dans une grande proportion de cas, on peut s’attendre à une masturbation compulsive, si le médecin parvient à le savoir (voici à ce propos une bonne devise : qui pose des questions aura des mensonges en guise de réponses). Il est certainement possible d’étudier l’adolescent du point de vue du Moi devant les modifications du Ça. Il faut que la psychanalyse soit préparée dans sa pratique à rencontrer ce terme central, que celui-ci soit manifeste dans la vie de l’enfant ou qu’il se révèle discrètement. "

" Mon but, n’est pas d’enseigner la psychanalyse, mais de considérer l’adolescence sur un autre mode, d’essayer d’établir l’urgence actuelle de la question de l’adolescence et les changements sociaux des cinquante dernières années", rappelle l’auteur en1962.

" Chez les peuples primitifs, explique Winnicott, les changements de la puberté sont masqués sous des tabous, ou bien on fait de l’adolescent un adulte en quelques semaines ou quelques mois au moyen de certains rites ou épreuves. À l’heure actuelle, dans notre société, les adultes se forment dans des processus naturels à partir d’adolescents qui progressent en raison des tendances à la maturation. Cela peut aisément signifier que les adultes d’aujourd’hui jouissent de force, de stabilité et de maturité. Naturellement, tout se paye. Les nombreuses crises des adolescents exigent une attitude de tolérance et des soins; par ailleurs, cette nouvelle façon d’être pèse sur la société, car il est pénible pour des adultes qui ont été frustrés de leur adolescence de voir tout autour d’eux des garçons et des filles dont l’adolescence s’épanouit. "

C’est un nouveau discours. Et cela m’intéresse beaucoup, car on a tendance à occulter certains aspects que ce psychanalyste n’hésitait pas à démasquer. Cela recoupe le discours que l’on tient à propos de la retraite plus tard dans la vie, du début du vieillissement de 55 à 65 ans, où des gens ont tendance à se dire : quand j’arriverai là, ce sera une vie de non-responsabilité, comme pour l’adolescent c’est un peu ça.


Donald W.WINNICOTT
Des changements sociaux qui ont été très importants, Winnicott en identifie trois grands.
1- Les maladies vénériennes, qui ne sont plus l’épouvantail qu’elles étaient. – Mais, en revanche, est apparu le Sida, comme vous le savez.

2- Par contre, le développement des méthodes contraceptives qui " a rendu l’adolescent libre d’explorer ".

3- Plus loin, il traite de la guerre, en particulier de la crainte de voir quelqu’un utiliser la bombe atomique (n’oublions pas que cela a été écrit dans les années soixante). Mais aujourd’hui, on a moins cette crainte-là, et je pense que c’est une erreur grave de ne pas l’avoir. Un jour ou l’autre, il pourrait bien y avoir un imbécile qui va s’en servir… Il faut savoir que maintenant " nous savons que nous ne pouvons plus résoudre un problème social en nous organisant pour une autre guerre, note à ce propos le penseur. Il n’existe donc plus rien pour justifier le recours à une forte discipline militaire ou navale pour nos enfants, si commode que cela puisse être pour nous. "


" Le remède à l’adolescence est le temps. Par exemple, il y a la solution par identification aux figures parentales, ou il peut y avoir une maturité prématurée sur le plan sexuel; ou l’importance donnée aux choses sexuelles peut passer aux exploits sportifs, ou celle des fonctions du corps aux réalisations ou aux réussites intellectuelles. En général, les adolescents rejettent ces moyens, et ils doivent donc passer par quelque chose qui fait penser à la zone du ‘ pot au noir ’ – un terme de navigation qui m’a semblé dépeindre ce moment de l’adolescence où l’on ne sait pas de quel côté le vent va tourner et s’il va y avoir du vent. Employée par des navigateurs aériens aussi bien que par des marins, etc. Mais il n’y a pas toujours de solutions pour que l’adolescent passe bien à travers cette étape de la vie.
" C’est une phase, poursuit l’auteur, où il se sentent futiles car ils ne se sont pas encore trouvés. Il faut rester spectateurs vigilants. Toutefois, l’adolescent qui évite totalement ces compromis, particulièrement l’utilisation des identifications et de l’expérience d’autrui, part de zéro. Il y a des adolescents qui luttent pour recommencer de rien, comme s’ils ne pouvaient rien reprendre de personne. […]

" On peut les voir en quête d’une forme d’identification qui ne les déçoive pas dans la lutte qui est la leur, la lutte pour se sentir réel, la lutte pour établir une identité personnelle, pour ne pas s’installer dans un rôle assigné par l’adulte quitte à passer par tout ce qu’il faut vivre. Ils ignorent ce qu’ils deviendront. Ils ne savent pas où ils en sont et ils attendent parce que tout est en suspens, ils ne se sentent pas réels et cela les conduit à faire certaines choses qu’ils sentent réelles et qui ne nous paraissent que trop réelles à nous, car la société en est affectée. " Un jeu de rôles, en quelque sorte.

Il revient ensuite au mélange de défi et de dépendance. " Ceux qui s’occupent d’adolescents sont déconcertés par l’attitude exagérément provocante du garçon ou de la fille qui se montre en même temps dépendant au point d’être infantile. […] Il faut que la société considère cela comme un trait permanent, qu’elle l’accepte, qu’elle y réagisse de façon positive, qu’elle aille même au devant de ce phénomène mais se garde d’y porter remède. "

Ce sont par des petites solutions, plus d’attention, plus de vigilance, qu’on arrive à résoudre ces difficultés. Mais c’est extrêmement difficile car nous sommes mis au défi, en tant qu’adulte, de faire face à ce phénomène sans y porter remède, qui est essentiellement une manifestation de santé. On parle de l’adolescence qui est canalisée d’une façon positive ; si elle ne l’est pas, on sait trop bien ce qu’elle peut signifier, d’où l’importance de la canaliser d’une façon intelligente.
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