Quels sont les signes de cette souffrance et comment s’en apercevoir ?
Nous avons vu que l’adolescent peut souffrir pour diverses raisons et à des degrés variables. Alors à quel moment doit-on s’inquiéter ?
Nous serions tentés de dire qu’il faut suivre son instinct de parent et que nous sentons généralement bien les choses. Mais cela n’est pas une réponse suffisante car nous pouvons être absorbés par nos propres problèmes et ne pas voir ce qui se passe, ou bien l’adolescent peut cacher son trouble.
En outre, certaines personnes sont très angoissées, d’autres moins ; nous ne sommes donc pas tous faits de la même façon. Certains parents vont s’inquiéter très rapidement pour quelque chose qui n’en inquiéterait pas d’autres. De plus, la valeur subjective de notre ressenti nous empêche parfois de juger la situation. Il nous arrive de banaliser la situation en restant dans le déni de la gravité car cela nous angoisserait trop de nous confronter au problème. On sera alors attentif aux commentaires des personnes extérieures côtoyant notre enfant.
Les signes à détecter
Il faut savoir qu’en fonction de l’âge de l’adolescent, les signes d’alerte peuvent différer. Quelque chose d’inquiétant à 11 ans ne l’est pas forcément à 15 et vice versa. Le contexte est également important. Certaines manifestations de souffrance vont de pair avec un contexte familial ou amical difficile et sont donc réactionnelles. Elles ne sont pas moins à prendre en considération et à accompagner. Toutefois, ce qui est rassurant c’est de comprendre la raison. Ce qui différencie un mal-être d’une souffrance pathologique c’est l’intensité et la durée de la souffrance.
Comment mesurer l’intensité ? C’est bien sûr difficile, surtout pour les parents, parce qu’ils vivent avec l’adolescent, ce qui les empêche de voir les choses de façon objective. Toutefois voici un indice : il faut qu’il y ait une différence notoire avec l’état antérieur dans la façon de se comporter ou dans l’humeur de leur adolescent. S’il pleure soudainement tous les soirs ou s’il refuse de sortir de sa chambre pour dîner, s’il ne veut plus aller au collège, s’il se dévalorise en permanence... Bref, nous remarquons un véritable changement qui dépasse le malaise de l’adolescent juste mal dans sa peau. Il semble souffrir et cela l’handicape dans sa vie quotidienne.
De plus, ce changement semble durer plusieurs semaines : le jeune ne sort plus, ne mange plus ou pleure tous les jours, ses résultats scolaires continuent de baisser et cela dure dans le temps. C’est qu’il n’arrive pas à trouver une solution pour aller mieux. Il faut donc l’aider. Retenons quelques signes qui nous demandent une attention particulière :
le changement d’humeur brutal et durable : irritabilité, pleurs... ;
le repli, l’isolement ;
l’absence totale de communication ;
la baisse subite des résultats ;
le refus d’aller au lycée ;
les maladies physiques à répétition ;
l’auto-agressivité physique ;
la fugue ;
la prise de drogue.
Cette liste n’est pas exhaustive mais elle présente les manifestations les plus visibles et répandues de la souffrance. Car l’adolescent agit plus qu’il ne parle ou montre ses émotions. Il nous faut donc décoder. Ces signes sont les conséquences d’une souffrance dont il faut trouver la cause, afin de l’aider. Un signe est quelque chose qui vient attirer notre attention. Il faut donc y être vigilant et ne pas le banaliser. C’est une première alerte signifiant que quelque chose est en train de se passer. Un premier signe nous rend plus attentif, notamment pour en chercher d’autres. Il faut bien sûr toujours resituer les choses dans leur contexte. Par exemple, une baisse des résultats après un divorce des parents est compréhensible, donc moins inquiétante que si le cadre familial ou environnemental n’a pas changé : il faut en effet toujours prendre en compte le temps d’adaptation à une situation nouvelle. Bien que moins alarmante, une telle adaptation demande tout de même une attention particulière de la part des parents, qui ont un grand rôle de soutien à jouer pour que la transition se passe bien.
L’adolescent commence par montrer des signes légers puis, si nous ne les voyons pas, il surenchérit par des signes plus inquiétants. Le mieux est d’agir avant que la souffrance s’installe à travers des symptômes structurés. Par exemple, agir vite face à une humeur triste et un repli sur soi commençant à durer permet d’éviter l’enlisement dans la dépression.
Mal-être, souffrance et pathologie
Lorsque la souffrance de l’adolescent est telle que nous ne savons plus comment l’aider, nous ne sommes plus dans le mal-être « normal » de l’adolescent. Un comportement devient pathogène lorsqu’il dure, se répète et handicape l’adolescent dans ses potentialités. Nous pouvons alors faire appel à un professionnel.
Plus nous agissons vite, plus nous avons des chances d’éviter que les choses empirent et s’installent durablement. L’adolescent acceptera l’aide si elle lui est proposée de façon ouverte et non comme une punition ou une marginalisation. N’oublions pas qu’il a toujours peur d’être anormal.