Baxter Admin
Nombre de messages : 4249 Age : 50 Localisation : Montérégie, Canada Date d'inscription : 04/04/2006
| Sujet: Terreur à la maison, terrorisé à l'école! Ven 10 Oct - 13:40 | |
| Terreur à la maison, terrorisé à l'école!
Vanessa Greindl
Victor, pour ses proches, est une énigme… À l’école, on ne l’entend pas, il est calme et obéissant. Il a plutôt du mal à se défendre et ne dit rien de rien. Même lorsqu’il est franchement agressé, il se tait. À la maison, par contre, c’est un ouragan qui dévaste tout sur son passage, prend une place terrible et assaille sans arrêt ses parents, ses frères et ses sœurs. Se rattraperait-il de toutes les injustices commises et ferait-il vivre à ses parents, le soir, ce qu’il vit le jour? Peut-être…
Pourrait-on imaginer que l’école soit plus sévère, ce qui obligerait notre Victor à se tenir à carreau? Pourtant, une école même très stricte n’oblige pas un enfant à se laisser attaquer…
Et si l’on voyait les choses sous un autre angle? Si Victor payait à l’école ce qu’il fait subir à ses parents à la maison? Une piste parmi d’autres…
À la maison À la maison, Victor ne tient pas en place. Il se lève cinquante fois pendant le repas, ne mange pas ce qu’on lui propose et retourne dans les armoires à biscuits dès que la cuisine est vide. Depuis tout petit, il prend une place gigantesque et obtient presque tout ce qu’il veut. Réveillant ses parents toutes les nuits jusqu'à deux ans et demi, accumulant bêtise sur bêtise au long de toutes ces années, il impose sa loi et ne peut entendre celle des autres. La nuit, il est d’une agitation extrême, qu'il traduit par ses mots avant de se coucher: «Je suis méchant, moi».
Victor n’est pas méchant, mais cherche qui a le pouvoir dans la maison. Il croit que c’est lui, puisqu’il fait tout ce qu’il veut, et est en conséquence très angoissé. À cinq ans, on ne peut être le maître de la maison. De plus, il se sent «méchant» et un méchant maître fait penser à de très angoissantes mauvaises figures des films et dessins animés très en vogue…
Victor n’a aucune envie d’être un second «Vol de mort»! Et pourtant, tant que les adultes ne maîtriseront pas son côté diable, il ne pourra apprendre à se contrôler et à se comporter autrement…
Et tant que ses parents ne se défendront pas, il n’aura pas d’exemple fiable auquel s’attacher pour se défendre à l’école.
En classe, on l’a dit, il est sage et calme, on ne l’entend pas; il est même trop discret et trop gentil. Il se laisse faire, cède la place, ne se défend pas et fait plutôt figure de victime. S’il est attaqué, non seulement il se laisse faire, mais en plus, il n’en dit rien à son entourage, ni aux instituteurs, ni à ses parents. C’est lorsque sa maman retrouve ses pantalons découpés ou son cartable noir de boue qu’il daigne lui donner laconiquement l’explication de ce qui est arrivé.
Si l’école peut être attentive à ce type de problème, elle ne peut pas non plus orienter toute son attention sur la problématique de l’enfant. Il a aussi à s’assumer. Par ailleurs, même si quelqu’un veillait sur lui en permanence, ce n’est probablement pas ce qui l’aiderait à prendre une autre place que celle du bouc émissaire. Car cette place, si ce sont les autres qui la lui donnent, c’est aussi lui qui la prend. Et un enfant «bouc émissaire» d’une classe ne l’est pas seulement à cause des enfants «qui sont si cruels à cet âge-là», mais aussi parce qu’il provoque, sans le vouloir, une telle attitude de la part des autres.
Lorsqu’un enfant est rejeté, malmené par ses pairs, si l’école peut mettre un terme à certaines choses, elle ne changera pas la spécialisation que l’enfant a, parfois, de reprendre cette place, où qu’il aille.
Le bouc émissaire est celui sur lequel on rejette la faute, celui sur qui l’on se déchaîne, celui qui écope de tous les ennuis, celui sur qui «ça tombe» toujours…
Victor est déjà si mal à l’école que ses parents n’ont pas le cœur de le punir à la maison, il souffre déjà assez comme cela. Ainsi, en voulant le réconforter à la maison, on laisse parfois Victor devenir le tyran de la famille. Ce tyran, de plus en plus tyrannique et de moins en moins domestique, cherche les limites, étend chaque jour un peu plus son territoire, ne trouve pas les stops qui se font rares…
Il se sent de plus en plus méchant. À l’école, ce sont les autres qui sont méchants.
… Sa vision du monde devient manichéenne, il y a les gentils et les méchants. Et lui est une fois le méchant bourreau, une fois la gentille victime des autres méchants…
Pourtant, lorsque Victor pousse le bouchon vraiment vraiment trop loin, son père se fâche fort et durant une heure, il s’occupe facilement seul, de façon constructive. Tout à coup, il est délivré, pour une heure ou plus, du rôle de tyran qu’il avait pris dans la maison. Subitement, le voilà redevenu un enfant, ni méchant ni gentil, simplement un enfant occupé à se construire.
L’intérêt d’une punition ou d’une colère d’un parent n’est pas que l’enfant soit malheureux, qu’il pleure ou se sente triste de ce qui lui arrive, - même si c’est souvent le cas! -, mais que l’enfant soit remis à sa place d’enfant et qu’il lâche une place inappropriée.
La punition délivre l’enfant plus qu’elle ne l’enferme car elle le fait prendre acte de ce qui s’est passé (qui lui pèse autant qu’à l’adulte) et qui ne peut plus se passer. Elle est difficile à décider par l’adulte car elle demande une décision ferme. Elle impose de prendre la place d’un capitaine du navire qui refuse qu’un enfant se mette à une place dangereuse. Pour un capitaine, la chose est plus facile car le danger est visible. Pour un parent, c’est un autre programme! | |
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