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 Suicide : le monde du travail en accusation

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MessageSujet: Suicide : le monde du travail en accusation   Suicide : le monde du travail en accusation EmptyMer 17 Oct - 12:20

Suicide : le monde du travail en accusation
Si le travail peut-être une source de joie et d’épanouissement, dans certains cas il peut aussi se révéler à l’origine d’un mal-être profond. Conflits sociaux et relation au travail sont souvent cités dans les facteurs de risque de la crise suicidaire. Christian Larose, membre du Conseil économique et social, dresse le bilan et propose plusieurs solutions…


Activité humaine par excellence, le travail est supposé anoblir l'homme et participer à l'élaboration de son identité sociale. Qu'en est-il aujourd'hui à l'heure de la mondialisation qui impose ses propres lois, en faisant peu de cas de la valeur humaine inscrite en chacun ? Autrefois valeur ajoutée, celle-ci se dilue dans l'anonymat au rythme des restructurations de société, des reprises successives, des choix stratégiques qui ne s'accompagnent d'aucune explication.

Perte de contrôle…
Progressivement le travail, lorsqu'il est préservé, se retrouve vide de sens. La privation d'emploi devenue monnaie courante plonge, quant à elle, l'individu dans le désarroi, l'isolement tandis quelle lui ôte toute chance de surmonter cette épreuve faute dune reconversion programmée. Toxicomanies, accès de violence, tentatives de suicide signent alors la souffrance de ces individus dépossédés, humiliés qui après avoir perdu le contrôle de leur situation, perdent celui de leurs nerfs et trop souvent de leur vie…

Vers l'amplification et la généralisation des conflits sociaux
L'actualité a récemment mis en lumière de nouvelles tragédies sociales qui commencent par la faillite d’une société, son rachat par un groupe peu scrupuleux, le licenciement des 2/3 de ses salariés, leur révolte qu'ils expriment dans la multiplication d'actes de violence en tout genre avant de la retourner contre eux-mêmes. Les stratégies économiques brutales font abstraction du facteur humain, entraînant des drames en cascade qui se soldent par des dépressions, des tentatives de suicide ou des suicides avérés...

Dans les restructurations de filières à l'échelon national ou international, les groupes tranchent dans le vif sans prendre en considération l'avenir de salariés, souvent peu qualifiés ! Face à des restructurations, des délocalisations qui se multiplient et se succèdent parfois au rythme de trois en trois ans, le choix se pose entre un liquidateur ou un repreneur. Les deux licencieront de toute façon une bonne partie du personnel, qui faute d'une véritable politique de formation professionnelle ne pourra se reclasser.

Attachement viscéral à l'entreprise et déplacement des valeurs au bénéfice de l'entreprise, au détriment de la famille

Un conflit qui éclate est difficilement maîtrisable car il potentialise toutes les rancoeurs, les humiliations subies par des individus attachés depuis parfois 20 ans à leur entreprise. Bien au-delà des revendications pour des augmentations de salaires, ces smicards réclament de la considération, le respect de leur outil de travail et ne peuvent y renoncer sous prétexte que la société fait faillite. Souvent plus attachés à leur cercle de collègues de travail qu'à leur famille, dépourvus d'autres alternatives professionnelles, ils sont incapables de réagir. De nombreuses fermetures ont bien montré que le plus pénible n'est pas seulement de rendre les clefs, mais de se séparer. Détresse psychique, violence, actes de vandalisme, incendies provoqués, séquestrations, tendances suicidaires ponctuent alors leur descente aux enfers dominée par l'absence de toute perspective possible. Face à un avenir professionnel désormais confisqué, inexistant, la famille et le couple souvent en difficulté ne peuvent plus jouer leur fonction de rempart. En l'absence d’autres identifications possibles, la vie se résume à l'entreprise qui va fermer.


Un cocktail détonnant
Humiliations + Impuissance + Manque de perspective + Absence de dialogue et d'interlocuteur sur fond de manque de qualification : le cumul fabrique un cocktail détonant. Très lisibles dans leur déroulement, les conflits qui, chez Lewis, mettaient en scène 514 licenciements et seulement 80 reclassements deux ans et demi plus tard sont l'expression d'un ras-le-bol et du désespoir de centaines de laissés pour compte. Ballottés entre les mains de repreneurs successifs, ils assistent impuissants à leur propre destruction, parfois sans aucune explication. Seule issue : le rapport de force, la réaction épidermique comme chez Cellatex qui a connu 153 licenciements et seulement 15 reclassements, 10 mois plus tard car il n'y a plus d'autres choix possibles. Les 900 personnes évacuées en raison des menaces d'explosion qui pesaient sur le site de Cellatex l’ont bien compris en apportant leur soutien moral aux salariés de l'usine. Le bilan est dramatique : une quarantaine de tentatives de suicide, sans même parler des dépressions nerveuses, conduites alcooliques et 3 suicides féminins, dont deux chez Lewis touchant des femmes de moins de 40 ans.

Les cadres et les seniors touchés
Les cadres ne sont nullement épargnés et souffrent autant sinon plus des nouvelles orientations qu'adopte le management. Plus isolés que les salariés finalement mieux défendus, constamment malmenés, soumis à une politique d'humiliation et à des stress non négligeables, ils font les frais de ces nouvelles exigences. Ils subissent une pression importante découlant des exigences de rentabilité, de compétition. L'arrivée sur le marché de jeunes diplômés fragilise leur position dans l'entreprise. L'avancée en âge contribue à les exclure progressivement des structures dans lesquelles ils se montraient opérationnels. Force est de constater que toutes les sphères sont désormais concernées par l'ampleur de ces mutations industrielles.

Comment réagir ?
Quelles parades proposer face à la multiplication des cessions sauvages d'entreprise ? Quelques pistes :

Responsabiliser les entrepreneurs.
Il importe de refuser le transfert du plan social vers le repreneur tel qu 'il se pratique habituellement afin d'éviter d'avoir à gérer les conflits sociaux. Cette dilution des responsabilités doit conduire à une révision du code du travail, encore muet sur ce chapitre. Il s'agit, en cas de cession de société, d'exiger la co-responsabilité du vendeur pendant une durée minimale de 2 ans afin qu'il assume ses devoirs. Actuellement, les dédommagements des préjudices sont dérisoires et le suivi médical des salariés inexistant.

Faciliter le dialogue par la mise en place de nouveaux interlocuteurs.
Hormis les collègues de travail qui sont les premiers confidents, la réhabilitation du médecin de travail dans une optique de prévention pourrait, à condition de lui rendre son autonomie, permettre de repérer les dépressions, les phénomènes de harcèlement moral, sexuel, les souffrances psychiques trop importantes avant quelles ne soient irréversibles et conduisent au passage à l'acte.

Trop longtemps considérés comme l'oreille ou l'espion des dirigeants, les médecins du travail méritent d'être réintroduits dans le circuit de prévention, d'autant qu'ils furent les premiers à attirer l'attention sur le harcèlement moral en entreprise. Si leur capacité d'intervention à l'échelon individuel est encore limitée, ils peuvent en cas d'extrême urgence soustraire l'intéressé au harcèlement, après examen médical.
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MessageSujet: Re: Suicide : le monde du travail en accusation   Suicide : le monde du travail en accusation EmptyMer 17 Oct - 12:21

Le DRH, de nouvelle génération, est généralement bien informé de la biographie des salariés. Il est aujourd'hui en mesure de mieux comprendre les drames qui se jouent au sein et à l'extérieur de l'entreprise. Désormais mieux sensibilisé à la prévention du suicide, il devient l'un des acteurs possibles.

Créer une cellule psychologique
Il faut aller vers la création dune cellule psychologique rassemblant médecins et psychologues rémunérés par la société pour soutenir et accompagner les salariés en cas de reprise et de façon plus systématique pour permettre un espace d'écoute et éviter les dérapages. Opérationnelle à Hellemmes lors du conflit qui, en août 2001, a touché l'usine textile de Mosley, ce projet est né d’une revendication qui na pu aboutir lors du conflit Cellatex. Cette mesure ponctuelle a permis de suivre efficacement les salariés pendant 2 ans au plan médical et psychologique. On peut aussi revaloriser la fonction du Comité d'Hygiène et de Sécurité pour le rendre plus actif dans le circuit de la prévention.

Rendre la formation professionnelle obligatoire
Cette possibilité proposée tous les cinq ans permettrait aux salariés de pouvoir se réinsérer dans une autre activité en cas de perte d'emploi. A quoi peut prétendre un ouvrier du textile dont l'horizon professionnel s’est limité à coudre des fermetures de 5 cm pendant 20 ans, dès lors que son entreprise est rachetée ? L'évolution professionnelle au sein d’une même entreprise, qui se mesure à la capacité de gravir les échelons, devrait de même être encouragée.

Arrêter le harcèlement moral
Il est essentiel de combattre le harcèlement moral en instaurant une prévention efficace et des sanctions punissant les harceleurs. Cette extrême violence, plus répandue qu'il n’y paraît, représente une infraction vis-à-vis de la dignité humaine et du droit du travail. Sous la pression des associations, on étudie actuellement la possibilité de protéger les témoins qui se manifesteraient d'un éventuel renvoi. Indépendamment des attitudes visant à prévenir ce type d'excès, il existe toute une panoplie de sanctions, votées en décembre 2001, plus ou moins lourdes au nombre desquelles figurent un an d'emprisonnement systématique et une amende de 15 000 €uros. De plus en plus répandu, ce harcèlement psychologique s’exerce de façon insidieuse et vise la destruction et l'aliénation de l'autre. Les victimes sont le plus souvent des femmes et les persécuteurs majoritairement des hommes épris de pouvoir. Brimades, quarantaine, agressions verbales, réflexions désobligeantes, tout est bon pour fragiliser et isoler la victime qui vit chaque jour dans la terreur. Les incitations au suicide par perte de l'estime de soi ne sont pas rares.

Combattre le harcèlement sexuel
Dénoncé dès 1987, le harcèlement sexuel a donné lieu à un projet de loi en 1992. La France fut l'un des premiers pays à s'insurger contre cet abus et à adopter une législation efficace depuis 1994 qui prévoit une amende de 15 000 €uros assortie d'un an d'emprisonnement. Il représente une autre facette de la violence et porte atteinte à l'état psychique de la victime.

Vers une sécurité sociale professionnelle
Réintroduire la considération humaine et le respect de la dignité, comme préalable à toute approche apparaît indispensable pour redonner au travail toute sa valeur. Est-ce suffisant pour combattre la brutalité de la politique économique et la violence inhérente au harcèlement ?

La pleine mesure des risques de dérapage incite à proposer la construction d’une sécurité sociale professionnelle qui protégerait le salarié de l'exclusion, et des diverses atteintes narcissiques qui font le lit de la dépression et du suicide.

Christian Larose, membre du Conseil économique et secrétaire général de la fédération CGT Textile.
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