La dépression: source de décrochage scolaire(ASP) - Au Québec, près d'un jeune sur trois décroche avant l'obtention de son diplôme d'études secondaires. Les tentatives d'explication de ce phénomène dévastateur sont nombreuses. La dépression est-elle suffisamment prise en considération?
Depuis plusieurs années, de nombreux chercheurs d'ici et d'ailleurs s’efforcent de comprendre la corrélation entre dépression juvénile et décrochage scolaire. Quelques-uns d'entre eux sont venus exposer leurs résultats lors du colloque "La dépression chez les jeunes de milieu scolaire" présenté dans le cadre du dernier congrès de l'ACFAS, à Rimouski.
La présence de symptômes dépressifs chez les élèves fréquentant les écoles secondaires influence-t-elle leur rendement scolaire? Quelles sont les caractéristiques du milieu scolaire qui contribuent à l’émergence ou au maintien de symptômes dépressifs chez les élèves ? Depuis 1996, une équipe de chercheurs (UQAM, UQTR, Université de Sherbrooke et Université Laval) dirigée par Diane Marcotte, psychologue et spécialiste en éducation, effectue des études sur la dépression chez les jeunes ainsi que son impact sur l’expérience scolaire et le rendement des élèves.
Ils en concluent que la dépression est le deuxième facteur de risque au début du cours secondaire. Les jeunes dépressifs sont moins motivés, doutent de leur compétence et s'absentent davantage de l'école.
Or, au Québec, les chiffres sont désolants: un élève sur sept présente des symptômes de dépression. Parmi les jeunes rencontrés par des professionnels de la santé mentale, 42% éprouvent un trouble important. De plus, un adolescent dépressif qui ne reçoit pas les soins appropriés présente 72% de risque de rechute dans un délai de cinq ans, précise Diane Marcotte.
Et plus grave encore, la plupart des élèves dépressifs reçoivent peu d'attention de la part de leur enseignant, contrairement aux élèves éprouvant des troubles de comportement. Plusieurs élèves interrogés par les chercheurs affirment en effet se sentir ignorés ou même rejetés par leurs enseignants.
De son côté, Catherine Blaya-Debarbieux, chercheure et codirectrice de l'Observatoire européen de la violence scolaire, vient de compléter une enquête comparative (France et Angleterre) sur les liens entre violence à l’école et décrochage scolaire ou absentéisme. La solution est peut-être du côté de l'Angleterre, avance la chercheure. L'implantation d'activités parascolaires animées par les professeurs a permis de diminuer considérablement la violence en milieu scolaire et conséquemment, le taux de décrochage. Les chercheurs ont également observé un changement spectaculaire lors de la mise sur pied de cours de rattrapage destinés aux décrocheurs; cette initiative semble avoir fait chuter l'absentéisme chronique de 80%.
Geneviève Bougie