Croyance face à la poussée et quelques considérations théoriques
Même si la poussée spontanée ou physiologique gagne graduellement du terrain, la poussée obstétricale demeure la plus répandue. Si la méthode de la poussée physiologique vous intéresse davantage, il serait important d'en parler avec votre médecin ou sage-femme.
Les croyances les plus répandues que vous risquez d'entendre face à la poussée sont les suivantes:
«C'est bien beau la poussée physiologique mais un premier bébé ça ne sort pas tout seul».
Le personnel hospitalier croit encore que vous devez fournir un immense effort pour sortir le bébé sinon le bébé ne naîtra pas. Est-ce que l'épuisante poussée athlétique aide réellement le bébé à naître mieux ou plus rapidement? Le bébé accomplirait 80% de la poussée par lui-même. La mère n'ajouterait que 20% d'effort. Pour un bébé qui descend moins bien, les changements de positions demeuraient le moyen le plus efficace pour faire progresser le bébé dans le bassin.
«Si on laisse la cliente à elle-même et qu'elle attend passivement de sentir sa poussée, la poussée risque de s'éterniser ou peut-être de ne jamais se produire».
Dans la poussée physiologique, la femme n'est pas passive, elle est réellement active. Elle ne restera pas là à ne rien faire, elle pousse mais de façon différente. Si on laisse le temps à la cliente de sentir sa poussée, elle la sentira dans la majorité des cas. Le fait d'identifier le moment où elle doit amorcer sa poussée et de la faire pousser même si elle n'en ressent pas le besoin, la désynchronise souvent. Elle ne sait plus si elle a une contraction ou pas. Elle ne sait plus quand elle doit pousser. Cela peut parfois mener à des poussées qui seront longues et qui peuvent même avoir besoin d'aide technique.
«Poussez madame, comme pour aller à la selle, poussez comme si vous étiez constipée».
Lorsqu'on pousse un bébé, on doit pousser celui-ci à travers le vagin et non à travers le rectum et l'anus. Le bébé est réellement situé dans le vagin. L'action de pousser peut être comparée à l'inverse de l'exercice du KEGEL. Lorsqu'on pratique le KEGEL, le vagin se resserre. La femme enceinte peut apprendre à resserrer son vagin indépendamment du rectum et de l'anus. C'est d'ailleurs ce qu'est le KEGEL. La femme qui accouche peut ouvrir son vagin, bomber son périnée, indépendamment de l'anus. Bien sûr, une pression dans l'anus sera ressentie lorsque la tête du bébé descendra. Pour une femme ayant reçu peu d'éducation prénatale, cela peut être plus simple de lui demander de pousser de l'anus que de lui demander de pousser dans le vagin. Mais une femme avertie peut contrôler et différencier entre les muscles du vagin et ceux du rectum.
«Il vaut mieux remonter tenir ses jambes, sinon la poussée ne sera pas efficace».
Lorsque les jambes sont remontées, la femme se retrouve automatiquement en position plus horizontale, même lorsque le dos est soutenu par des oreillers. La femme se retrouve à avoir à pousser son bébé vers le haut à l'encontre de la gravité plutôt que vers le bas. Le fait de tenir ses jambes a comme conséquence de tendre les bras et de diriger la force de la poussée dans les bras. Souvent on demande avec cela de poser le menton sur la poitrine, de retenir le souffle le plus longtemps possible et la mâchoire devient crispée. C'est ce qu'on a surnommé «la position mauve» c’est-à-dire les veines des yeux éclatées, le visage très rouge et les épaules en compote après l'accouchement. C'est comme si la cliente poussait de partout sauf de la bonne place.