Prévenir la violence dans la famille
Bien que ni l’une ni l’autre ne soit souhaitable, il est généralement reconnu par les professionnels qui travaillent auprès des enfants, qu’il est plus dommageable pour un enfant de vivre dans une atmosphère persistante de conflits, même mineurs, plutôt que de vivre quelques conflits majeurs mais ponctuels!
À une époque où la violence est dénoncée haut et fort, il faut se rappeler qu’elle peut provenir d’influences extérieures mais qu’on peut malheureusement y contribuer aussi à l’intérieur de la famille. Pour illustrer ce propos, arrêterons-nous brièvement à trois situations qui peuvent devenir à risque.
Le droit à la colère
À l’intérieur des familles, le désir de combattre la violence s’est parfois mué en véritable phobie. En fait, on craint tellement de développer des habitudes violentes chez les enfants qu’on en vient à leur refuser le droit d’éprouver de la colère qui est pourtant un sentiment humain et normal. Si les enfants vivent continuellement dans l’impossibilité d’exprimer leur colère, ils se transformeront rapidement en petites bombes à retardement. Il faut, bien sûr, empêcher un enfant d’en frapper un autre mais on doit lui apprendre et lui permettre d’exprimer sa colère de façon civilisée. Interdire tout jeu guerrier et même toute imitation d’arme n’est pas non plus un moyen efficace de prévenir la violence. Les enfants de toutes conditions ont reproduit ces jeux depuis des générations, jeux qui sont pures imitations sans aucune trace de violence réelle la plupart du temps. Quelquefois, ils éviteront même à l’enfant d’adopter des comportements agressifs pour vrai en canalisant ses émotions à l’intérieur de limites acceptables.
L’excès de punitions
Une autre situation courante, qui risque de favoriser le développement de la violence chez les enfants, est des punitions imposées fréquemment et sans discernement. Lorsqu’elles sont constamment répétées, les punitions nourrissent chez l’enfant un profond sentiment d’injustice de la part des grands et deviennent un moyen infaillible de faire grandir la colère en eux. Le but premier des punitions (ou des conséquences) n’est pas de se venger de l’enfant mais de lui faire apprendre quelque chose qu’il ne pourrait apprendre autrement, en raison de son âge ou de la gravité de son geste. Punir machinalement sans s’interroger sur le motif qui pousse l’enfant à agir, équivaut à traiter une infection avec un pansement. On ne doit pas pour autant tolérer n’importe quel comportement mais il existe des moyens plus appropriés pour répondre à certains besoins personnels de l’enfant, particulièrement les besoins d’attention et de sécurité. Les punitions sont en quelque sorte des actes réservés et de ce fait, aident l’enfant à comprendre l’importance relative des consignes parentales.
Les mots blessants
En terminant, il convient de relever quelques attitudes et paroles de parents exaspérés et en difficultés, par exemple: «Tu n’es jamais capable de faire ceci!», «Quelle connerie as-tu faite encore?», «On ne peut pas te faire confiance!», «Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour avoir un enfant comme toi?». Ce genre de phrases sont de véritables atteintes à l’estime de soi et sont des atteintes à la valeur personnelle de l’enfant; elles produisent lentement mais sûrement un travail de destruction personnelle en même temps que des ferments de violence. L’enfant cherchera, très souvent, à se défendre contre ces attaques par des paroles ou des gestes violents ou ressassera, par peur du parent, sa colère en silence.
Bien que ces trois situations puissent sembler anodines, elles peuvent pourtant, lorsqu’elles se répètent quotidiennement, devenir porteuses de violence.
