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 Psychoses et alcoolismes

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Baxter
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MessageSujet: Psychoses et alcoolismes   Psychoses et alcoolismes EmptyJeu 24 Aoû - 13:28

Psychoses et alcoolismes : les points de congruence.
On sait que dans l'alcoolisme, un réaménagement de la réalité s'opère en faveur du besoin d'alcool, tandis que le sujet désinvestit ses intérêts socio-familiaux. Il les subordonne à un besoin totalitaire qui réquisitionne l'ensemble de ses conduites et mobilise entièrement son vouloir. Le malade alcoolique est inséré dans un temps répétitif au sein duquel il se voit, par le corps et par l'esprit, contraint de vérifier que ce qui existe peut exister à nouveau dans une étroite contiguïté temporelle et spatiale.
Cela va à l'encontre du développement linéaire, historique créateur de sens, distanciateur et porteur de métaphore, qui gouverne la pensée occidentale .
Pour ces patients, la quête de toute réalité est assujettie à une configuration pulsionnelle et gestuelle déjà expérimentée, et qui doit se répéter. Cette récurrence rejoint celle des pulsions biologiques imposant leur archaïsme et s'alignant sur les mêmes schémas d'oralité. La somme des conduites se voit redirigée vers le comportement le plus concret qui soit, sans distance de temps ni de lieu entre le besoin et l'objet, comme dans les premiers âges de la vie.
Par voie de conséquence, un délaissement destructeur affecte les domaines plus fondamentaux de la personnalité. Il trouve sa cause dans l'antagonisme des postulats logiques qui régissent :
- d'une part l'univers de la contiguïté corporelle pulsionnelle, quasi-biologique, voire pavlovienne, où se trouve immergé l'alcoolique ;
- d'autre part l'univers de signification et d'action sociale dont les prédicats psychologiques sont d'essence métaphorique.
Contiguïté et métaphore s'excluent mutuellement, mais l'humain a normalement besoin de l'un et de l'autre :
- dans l'ordre de la contiguïté, il trouve réponse a son besoin de nourritures et d'échanges affectifs ;
- dans l'ordre de la métaphore, il trouve réponse à son besoin des hommes qui pourvoient son être de sens et d'identité.
Ces deux systèmes, antagonistes, créent chacun leur propre dépendance. Ils ne coexistent jamais, sur le même objet, sauf à forger un aménagement symbolique ou rituel qui, alors, a force de loi. Telle est la fonction des manières de table ; elles s'originent dans les conduites nutritionnelles, pulsionnelles mais sont entièrement satisfaites dans l'utérus social. Or la consommation pathologique méconnaît les protocoles sociaux établis. Aucune fonction symbolique ne peut légaliser la pulsion à l'état pur.

Une identité trop pesante.
La redétermination des motifs d'action vers un univers de pure contiguïté, contredit l'accès à la métaphore. Ceci a pour conséquence qu'à l'instar du psychotique, qu'il retrouve dans les squats, l'alcoolique non seulement désinvestit la monnaie, mais encore son identité tout entière. Car l'aspect monétaire ne doit pas nous dissimuler un aspect plus global de l'éviction métaphorique. L'institution communautaire n'est pas seulement le lieu des échanges d'argent, elle est surtout le lieu où s'affiche et s'énonce la personne, en une identité assignée.
Lorsque la pulsion est mise à nu, non symbolisable, il devient urgent de se soustraire au regard d'autrui, comme l'on sait, mais aussi de soustraire soi-même à toute action signifiante. Ce processus, nos patients le perçoivent fort bien voyant se profiler, non sans terreur, le spectre de leur clochardisation. Notons qu'ils s'y adaptent parfois de façon surprenante, par ce biais, délestés d'une identité trop enracinée dans le versant métaphorique. L'alternative offerte à certains patients, à leur sortie de cure, met en balance deux types d'existences clairement opposés l'un à l'autre par les statuts corrélatifs et leurs relations à l'instance sociale : le salariat et la mendicité. Ne soyons pas surpris du recours à cette dernière. Faire la manche voue délibérément l'apport d'argent à un rapport émotionnel entre les personnes. La mendicité gomme toute identité préexistante.
C'est ici que se profile un statut psychoaffectif qui, dans ses effets comportementaux et ses clivages n'est pas sans concordances logiques avec diverses formes de comportements rencontrés chez les psychotiques, en particulier dans les évolutions schizophréniques. La question de fond étant de savoir comment la co-morbidité :

alcoolisme + syndrome dissociatif ,

installerait une conjonction qui, loin d'être un facteur aggravant, serait au contraire favorable à l'adéquation d'une structure psychotique et à son devenir au sein de son environnement humain. Comment une conduite alcoolique contredirait-elle l'évolution déstructurante de la psychose, comment fonctionnerait-elle en étayant les difficultés relationnelles et intrapsychiques jusqu'à effacer les symptômes cardinaux ?

Les facteurs d'un possible étayage.
La question doit s'envisager sous plusieurs aspects qui, dans la dynamique "alcool" mettent en jeu : - les pouvoirs de la molécule, - les pouvoirs du symbole, - enfin et surtout l'éviction métaphorique et la conversion métonymique corrélative, autrement dit, la mise en concordance avec la structure fondamentale de la psychose. Nous allons examiner successivement ces divers points.

1) Les pouvoirs de la molécule sont ses propriétés psychotropes. Nous retiendrons deux facultés complémentaires que sont l'anxiolyse et la stimulation excitative. Les cliniciens savent combien ces deux effets simultanés peuvent favoriser les passages à l'acte dans certaines psychoses avec appoint alcoolique (considérées souvent comme pseudo- psycho-pathiques). Voici cependant deux activités pharmacodynamiques qui peuvent alléger les inhibitions du psychotique aussi bien que sa charge anxieuse. Autrement dit, deux pôles essentiels de cette pathologie, mais deux pôles qui, communément aggravent la fuite des contacts sociaux.

2) Les pouvoirs de l'alcool ne se résument pas dans ceux de la molécule. Ce n'est pas le lieu d'insister ici sur l'ampleur et l'omniprésence du symbole véhiculé par les boissons fermentées dans nos sociétés où il mémorialise rien d'autre que la solidarité et la cohérence culturelle. La consommation communautaire et conviviale propulse le schizophrène, qui y participe, vers des schémas de comportements dans lesquels il pourra endosser et énoncer les images classiques d'autonomie, de transgression légalisée, de virilité, s'il est un homme, d'indépendance s'il est une femme.
Comme pour le consommateur traditionnel d'alcool, cette image bien que clivée de la réalité et de sa réalité, lui permet de s'afficher dans l'acte de boire comme dans l'acte mature d'une personne qui, au-delà de la crise oedipienne, outrepasse les soumissions de l'enfance et de l'adolescence. Sur ce point, semble-t-il, les pouvoirs du symbole concernent le particulièrement le schizophrène, en ce sens où, dans l'ambiguïté d'un comportement archaïque, le patient, par le biais du groupe, mais en son propre clivage, sacrifie à un rituel qui célèbre en réalité ce qui n'est pas : le désir, le travail, la virilité, le pouvoir.
On connaît ces psychotiques qui fréquentent les bistrots. Leurs retours sont parfois hasardeux mais le fait dominant est le contact et l'échange que ce périple leur a permis d'établir. Il n'eut jamais été acquis à l'intérieur de l'institution psychiatrique, malgré tous les raffinements de la chimiothérapie et toutes les prouesses de la "sociothérapie".

3) Enfin reste le plus important que, par convention nous nommerons la conversion métonymique. Nous voulons désigner ainsi la concordance dont bénéficie une structure psychotique dans cet univers de contiguïté, tel qu'il s'installe dans le vécu de l'alcoolique où nous avons tenté de le décrire. Ce système est, si l'on peut dire, immobilisé dans la répétition, en même temps qu'il permet d'esquiver le pôle métaphorique autour duquel se structurent les identités... en vérité si souvent égarées chez les uns et chez les autres.
En somme, les effets négatifs que l'on voit se produire chez l'alcoolo- dépendant rejoindraient des rivages favorables au schizophrène. Par ce biais ces sujets établissent un certain niveau de communication. Comme si "l'idéologie alcoolique", parce qu'immergée dans la contiguïté offrait au psychotique un mode non-destructeur d'échange et d'activité, voire de reconnaissance. Il peut s'y investir et en épouser les éléments, y compris, dans sa négativité, l'opposition et l'opprobre, au risque, bienvenu, de contredire la métaphore paternelle toujours destructrice pour lui.
Non seulement le recours à l'alcool, mais l'alcoolisme en tant que structure constituée et définie dans ses symptômes, offrirait donc un espace au patient psychotique. Une condition cependant s'impose : être alcoolique. On s'aperçoit ici que n'est pas alcoolique qui veut. Les schizo, dans leur majorité, ne sont pas attirés vers l'alcool, tous peuvent-ils consommer les quantités qui assureraient cette imprégnation permanente faisant d'eux des alcooliques ?

Conclusion.
En présence de difficultés de sevrage ou d'alcoolismes dits récidivants la tendance est grande de prendre en compte l'état psychique sous jacente. Mais que conclure d'un état singulièrement transformé, parfois réduit à une cyclicité persistante des réalcoolisations?
Certaines "rechutes" itératives n'apparaissent-elles pas comme un moyen donné au patient, un alibi, qui lui permettrait d'activer, quand nécessaire, le lien thérapeutique qui le lie à l'institution ?
Au bout du compte, le problème ultime demeure celui, crucial, de l'abstinence. Elle répond certes à la nécessité d'interrompre l'apport exotoxique physiquement destructeur, mais aussi à l'ambition d'actualiser la perte d'objet transformatrice. A défaut tout vient nous rappeler que le patient est aussi un authentique alcoolique, porteur de tous les avatars de cette pathologie.
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