L'enfant endeuillé, qui est-il vraiment?
Psychologie
Par : Josée Masson
Pour amorcer cette série d’articles portant sur les enfants endeuillés, faisons tout d’abord le point sur trois mythes régulièrement répandus.
L’enfant est trop jeune pour être réellement endeuillé
Tout enfant qui vit la perte d’une personne avec qui il entretient un lien significatif est sans contredit endeuillé, peu importe son âge. Bien qu’exprimées différemment de celles de l’adulte, ses réactions, sont réelles et présentes. Ne possédant pas le vocabulaire nécessaire pour définir ce qui se passe en lui après le décès d’un être cher, l’enfant dissimule ses réactions derrière des comportements plus ou moins évidents: isolement, crises de colère, insécurité, troubles physiques…
Le deuil chez l’enfant se modifie au fil des années selon sa compréhension et sa maturité. L’intensité de son deuil dépend de multiples facteurs. Banaliser certains deuils comme la perte d’un ami, d’un animal, d’arrières grands-parents ou de gens moins présents dans la vie de l’enfant est une erreur trop souvent commise. Il ne faut jamais oublier que le lien significatif qui unit deux êtres ne se mesure pas à la fréquence du contact, mais bien par sa qualité. Seul l’enfant est en mesure de nous décrire ce lien qu’il entretenait avec un proche décédé.
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L’enfant est trop jeune pour pouvoir se sortir d’une telle épreuve de la vie
En tout temps, il faut donner sa confiance à l’enfant affecté par la mort d’un être proche. L’enfant n’est pas seulement un petit être fragile: il possède en lui de très belles capacités d’adaptation. Confronté à un événement tragique, qui frôle parfois l'inconcevable, il saura utiliser sa personnalité et son petit bagage d’expériences. Cependant, pour réussir à mieux vivre son deuil il doit se sentir soutenu par les adultes qui l’entourent. La qualité de cet accompagnement aura une influence étonnante sur sa qualité de vie, présente et à venir. Malgré cela et selon le lien avec la personne, le type de mort, la participation aux rites funéraires et les réactions de l’entourage, on ne peut empêcher que son existence en soit influencée à plusieurs niveaux.
L’enfant est davantage capable de vivre un deuil que l’adulte
Le travail de deuil chez l’enfant est très exigeant. À la différence de l’adulte, l’enfant endeuillé doit effectuer de grands efforts uniquement pour comprendre ces termes: mort, pour toujours, à jamais… Lorsqu’il sera capable de saisir le sens de cette perte et cesser d’attendre le retour de la personne décédée, il pourra amorcer son travail de deuil. Cela peut prendre de nombreuses années au cours desquelles il vivra des périodes parfois très difficiles. Malheureusement, la tendance générale dans notre société est d’oublier, après un certain temps, que l’enfant est endeuillé. Mais, l’enfant avance à très petits pas dans son deuil et c’est tout un défi pour l’adulte d’arriver à saisir la nature de ce vécu particulier. L’enfant endeuillé d’un être cher deviendra un adolescent endeuillé et un adulte endeuillé. L’empreinte reste là, c’est pour cette raison qu’il faut s’en préoccuper.
