La mort, une notion complexe pour l'enfant
Psychologie
Par : Josée Masson
Comment expliquer la mort à un enfant en sachant qu’à cause de son jeune âge, il ne pourra pas tout saisir? C’est une tâche difficile et trop souvent prise à la légère, car l’information donnée sur le mot «mourir» aura une influence directe sur le deuil de l’enfant. En général, nous penchons pour l’explication réconfortante: «il est près du petit Jésus»; «il est devenu un ange»; «il est avec les étoiles»; «il fait un beau dodo pour toujours»… Ces réponses peuvent être apaisantes pour l’adulte, mais amener beaucoup de confusion chez l’enfant, surtout quand ses proches ne s’entendent pas sur la même explication!
Le corps ne fonctionne plus
Pour se faciliter la tâche, il est important de transmettre à l’enfant nos certitudes concernant la mort. Par exemple, que le corps ne fonctionne plus. Il faut lui expliquer que, lorsqu’on est mort, notre cœur ne bat plus, nos yeux ne voient plus, nos oreilles n’entendent plus… Cette simple vérité devra être répétée à plusieurs reprises, selon le degré de compréhension de l’enfant. De cette façon, il n’aura pas de mauvaise surprise au salon funéraire en voyant le défunt dans son cercueil. Par le fait même, l’enfant qui voit et touche une personne morte assimilera davantage le concept de mort. Il faut aussi leur expliquer la cause du décès. Par exemple, il n’est pas mort parce qu’il était malade, mais parce que son cancer des os n’a pas pu être guéri. On évitera ainsi que l’enfant ait peur lorsque sa mère a la grippe!
Ange, étoile, Jésus…
Si le besoin reste de donner une signification plus personnelle à la mort, il faut éviter d’obliger l’enfant à y adhérer systématiquement. Il faut savoir que, pour un adulte, il peut être satisfaisant de croire aux anges, mais que ça peut faire peur à l’enfant. On peut simplement lui expliquer: «moi, cela me fait du bien de l’imaginer au ciel parmi les étoiles» et lui demander ensuite: «toi, tu l’imagines comment ton papa, maintenant qu’il est mort?» Le dessin est alors un moyen très intéressant à utiliser pour se situer par rapport à la pensée de l’enfant. Rares sont les enfants qui conserveront la même perception durant des années. Sa pensée évoluera tout comme son deuil. Il faut se rappeler que moins on lui fera croire que la personne est encore «vivante», autrement et ailleurs, mieux il intégrera la notion d’impossible retour.
À éviter
Certaines définitions sont à éviter. Par exemple, mourir, ce n’est pas «partir pour un long voyage»; ce n’est pas «un long sommeil»; ce n’est pas «le choix de Jésus» et ce n’est pas «devenir un fantôme» comme le sous-entend ce genre de réponses: «il te voit» ou «il toujours à tes côtés». Mourir, c’est mourir et l’enfant doit rapidement entendre cette vérité pour mieux évoluer dans son deuil. D’ailleurs, il est tellement plus facile pour lui de comprendre le phénomène de la mort quand il en a déjà entendu parler avant qu’elle ne touche une personne qu’il aime. Les adultes devraient davantage parler de la mort aux enfants avant que les drames ne surviennent.