Les antioxydants causeraient la production de mauvais cholestérol
4 mai 2004 – Les vitamines E et C ainsi que le bêtacarotène, sous forme de suppléments, dont on ne cesse d’énumérer les bienfaits depuis quelques années, empêcheraient les cellules du foie de s’attaquer à une forme primaire de mauvais cholestérol. C’est du moins ce que décrivent les auteurs d’un article scientifique paru dans Journal of Clinical Investigation1.
Les antioxydants détruisent les radicaux libres dans l’organisme, ce qui ralentit la détérioration des tissus et aiderait donc à prévenir plusieurs maladies, dont les cancers. Mais, ils auraient aussi un effet pervers sur le fonctionnement du foie, l’empêchant de métaboliser correctement les lipoprotéines à l’origine du cholestérol.
L’équipe de chercheurs du Centre médical de l’Université de New York a étudié de près ce processus sur des souris et des rats de laboratoire. Normalement, les cellules du foie s’occupent de « digérer » une protéine contenue dans les lipoprotéines néfastes, ce qui empêche ces lipoprotéines de se transformer sous une forme pouvant être absorbée par le flot sanguin. En d’autres mots, le foie joue un rôle de douanier en matière de production de cholestérol. Or, d’après cette expérience, les antioxydants bloqueraient ce mécanisme.
L’analyse des foies de souris et de rats a notamment démontré que la vitamine E empêchait la « digestion » des lipoprotéines à l’origine du cholestérol. Peu de ces protéines avaient été détruites. Interprétation des chercheurs : les antioxydants sont potentiellement nuisibles à la santé cardiovasculaire. Par contre, nuancent-ils, ces mêmes agents auraient des effets bénéfiques sur d’autres parties de l’organisme. Les antioxydants protégeraient les artères de l’athérosclérose et le pancréas du diabète.
Cette recherche est la première à aborder le potentiel nocif des antioxydants. Jusqu’à maintenant, sans avoir réussi à démontrer clairement les bienfaits des suppléments d’antioxydants, les études du genre n’avaient jamais relevé cet effet pervers. Selon les chercheurs, les résultats de cette expérience doivent être considérés comme une sérieuse mise en garde contre la tentation de lancer des traitements composés de dosages élevés d’antioxydants sous forme de suppléments. Mais, à l’état naturel, les antioxydants présents dans les fruits et légumes ne présentent évidemment aucun danger.
Julie Calvé diététicienne
