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 AU MOMENT DE LA NAISSANCE

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Baxter
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MessageSujet: AU MOMENT DE LA NAISSANCE   AU MOMENT DE LA NAISSANCE EmptyMar 19 Déc - 16:29

AU MOMENT DE LA NAISSANCE


Chaque bébé qui arrive est l'un des personnages d'une histoire singulière. Quelles que soient les conditions de sa conception et de sa gestation, l'histoire est toujours celle d'une femme, d'un homme, en attente de ce bébé-là, dans un tissu de liens très riches avec leurs familles, leurs amis, toute une vie sociale plus ou moins bien organisée.

Une naissance prématurée, par sa brutalité et sa violence, vient modifier l'aboutissement prévisible de cette histoire.

Le scénario ne se déroule pas comme prévu et les différents acteurs ne savent plus quel rôle ils doivent jouer. La dyade mère-enfant, la triade père-mère-enfant ne sont pas encore constituées et ont du mal à s'organiser : il n'y a plus d'unité possible, chacun vit dans un temps et un espace différent.

Voyons ce qui se passe pour chacun au moment de la naissance.

Pour le bébé
Dans le ventre de sa mère, le bébé vit dans un environnement d'une richesse sensorielle extraordinaire. En effet, les différents systèmes sensoriels (mis à part la vision) sont fonctionnels très tôt :


La sensorialité chimique : le goût et l'odorat

Le bébé in-utero déglutit, sa bouche est sans cesse irriguée par le liquide amniotique. Les récepteurs, tant au niveau du nez que de la langue, fonctionnent bien en milieu liquide. Le f?tus est donc sensible à la qualité gustative et olfactive du liquide amniotique qui change sans cesse en fonction de la nourriture de la mère. Il est plus que vraisemblable que le bébé garde des traces mnésiques de ces expériences gustatives anténatales.

Comme l'a montré Cyrulnik (1989), " Nous avons enquêté auprès des accouchées marseillaises en leur demandant si elles avaient mangé de l'aïoli en fin de grossesse. Quand elles confirmaient, nous leurs demandions de toucher la langue de leur nouveau-né avec une tétine parfumée à l'aïoli. Les bébés marseillais ont presque tous léché cette tétine avec plaisir, alors que les nouveau-nés parisiens n'ont fait que des grimaces de dégoût ".

Les sensibilités cutanée et vestibulaire
Ces sensibilités sont soumises à des stimulations permanentes : les mouvements du corps du bébé sont allégés et ralentis dans le liquide amniotique, ceux de sa mère rythmés par des temps forts et des temps de repos. Les pressions faites sur son corps par les contractions de l'utérus, les organes et les muscles de sa mère limitent l'espace et provoquent des massages continus assez appuyés de son dos, de ses fesses, de sa nuque et de sa tête. L'haptonomie utilise cette sensibilité pour établir un contact proche d'une véritable communication entre le f?tus et ses parents.


La sensorialité auditive

Le milieu intra-utérin n'est pas silencieux : un bruit de fond grave, comme un souffle sourd, parvient au bébé. C'est le souffle du placenta qui envoie dans l'utérus le bruit du c?ur maternel. Parviennent également les bruits extérieurs, la musique, les voix et particulièrement celle de sa mère. Là encore, certaines expériences tendent à prouver qu'il peut exister des traces mnésiques anténatales.

Pendant la grossesse, le stress de la mère qui génère des augmentations de son rythme cardiaque, des pressions vasculaires et intra-utérines, entraînent des modifications physico-chimiques chez le bébé.

Imaginons nous maintenant, juste quelques instants, à la place de ce bébé : supposons que nous sommes installés confortablement, bien détendus, dans un lieu très agréable. Et tout d'un coup, emportés par un tourbillon incompréhensible, nous nous retrouvons sur une planète totalement inconnue : le rythme habituel du temps n'existe plus, l'espace est infini, les sens ne reconnaissent plus rien . . . Plus aucun repère, une impression d'étrangeté absolue.

Le bébé qui arrive de l'univers du ventre maternel pour être transporté sur cette planète inconnue qu'est la couveuse vit probablement ce genre d'expérience.

Tous les mécanismes d'adaptation physiologique sur le plan respiratoire, circulatoire, de régulation de la température et d'alimentation qui, chez le bébé à terme, se mettent en place de manière automatique représentent pour le bébé prématuré une lutte de tous les instants.

De plus, sorti tout chaud du ventre de sa mère, il est soumis à toutes sortes de stimulations : bruit, lumière, odeur, froid, sécheresse de l'air. Il est piqué, perfusé, ponctionné, sondé, scopé et quelques fois intubé. A cette période, le bébé est incapable de faire la différence entre son intérieur (perceptions intéroceptives) et l'extérieur (perceptions extéroceptives).

Dans ces premiers moments, le bébé ne peut bénéficier du rôle protecteur de "pare-excitations" que la mère, par la capacité à s'identifier à son bébé, joue habituellement : en lui apportant un rythme de bercement, un contact peau à peau, des odeurs et du lait, qui sont plus ou moins proches des sensations antérieures.

" Ce n'est pas de l'absence de sa mère en tant que telle dont souffre le prématuré, car son psychisme à son âge n'a pas encore intégré le visage de sa mère, il souffre probablement plus de la modification du milieu physiologique et du stress que cela induit chez lui, stress non compensé par la protection de la mère " (Guttierez-Mimeur, 1969).

Après le temps de l'urgence médicale véritable, notre préoccupation première sera de lui permettre de retrouver un confort physique et une capacité à se détendre. Nous allons essayer de mettre en place un système de "pare-excitations", comme une sorte de deuxième enveloppe physique qui lui permettra d'être moins agressé par ses perceptions sensorielles et de les intégrer progressivement. Il faut pour cela :


le placer sur un matelas à eau, afin que ses mouvements soient adoucis et ralentis, ce qui réduit considérablement l'irritabilité et l'excitabilité.


l'entourer avec un lange roulé en forme de nid, afin que le moindre de ses mouvements ne rencontre pas l'infinité de la couveuse.


placer une couche en tissu sur la couveuse afin d'atténuer la lumière crue des néons.


l'aider à trouver une position de confort puisqu'il ne peut le faire tout seul.

Pour certains bébés, cet aménagement sera suffisant. Pour d'autres, une main posée sur le dos ou enveloppante au niveau du bassin sera nécessaire. Quelquefois si l'état de tension a du mal à diminuer et si le bébé est assez mature pour téter, nous proposerons une tétine qui l'apaisera grâce à la succion.

Tous ces gestes sont accompagnés de mots dits d'une voix douce qui elle aussi enveloppe le bébé.

Dès la naissance, chaque bébé a sa propre manière de réagir, de se calmer, d'être sensible aux stimuli extérieurs. D'abord, nous allons observer ce bébé, ses manières d'être, ses mimiques, ses gestes, ses possibilités de communication, enfin le regarder vivre son début de vie et apprendre à le connaître. Ainsi, lorsque nous rencontrerons ses parents, nous pourrons leur parler de leur bébé, unique et singulier.

Pour la mère de ce bébé
Tout le flot des représentations que la mère peut imaginer en fin de grossesse est interrompu brutalement. La rêverie au sujet du bébé, si présente dans les deux derniers mois de la grossesse et qui permet à la future maman de prendre une distance par rapport aux événements extérieurs afin de se préparer comme un cocon psychique, ne peut être vécue . . . L'enfant imaginaire, qui n'a pas eu son compte de temps pour être pleinement imaginé, est confronté brutalement à l'enfant réel. La blessure narcissique est constante pour ces mamans d'enfants prématurés. Face à cet accouchement catastrophe, la mère réagit par une angoisse plus ou moins profonde qui génère un état de stress où, indépendamment de son état antérieur physiologique et psychologique, elle est littéralement débordée par de nombreux sentiments :


un des premiers sentiments qui entoure la naissance prématurée est celui de l'irréalité de l'événement. Que cette prématurité ait été prévisible (hospitalisation pour menace d'accouchement prématuré, repos avec position allongée stricte) ou non (naissance très rapide sans signe avant coureur patent), "la presque mère" est "mise à plat", elle se retrouve le ventre vide, sans bébé à regarder, à porter, à entourer, à nourrir, sans fonction ni statut (hormis celui de malade parfois). Souvent, l'urgence médicale a nécessité une césarienne sous anesthésie générale qui crée une rupture supplémentaire de la continuité d'être et qui plonge la mère dans une atmosphère d'angoisse absolue.

" La césarienne . . . provoque une confusion existentielle proche de la dépersonnalisation " (Carel, 1977).

Pour un accouchement rapide, ce sentiment d'irréalité est également très présent.

Une jeune maman américaine me raconte deux semaines après l'accouchement qui avait été particulièrement rapide : "Je passais l'aspirateur et tout d'un coup je me demande mais, où est le bébé, et y a-t-il un bébé, en regardant mon ventre tout plat . . ."

L'accouchement prématuré intervient au moment de la "période merveilleuse" de la grossesse, alors qu'il n'y a pas encore de gêne dans le corps. Le plus souvent les séances de préparation à la naissance, si importantes pour parler ensemble de ce bébé qui va arriver et partager avec d'autres le bébé imaginaire, n'ont pu être faites. Certaines mères arrivent de leur travail pour accoucher, d'autres débutent tout juste leur congé prénatal . . .


un autre sentiment vécu par ces mamans est celui de la frustration. Une naissance est en général une fête pour la famille et pour tout l'entourage. La mère est choyée, félicitée, entourée, fleurs et cadeaux envahissent la chambre, chacun vient s'émerveiller devant ce si beau bébé. Lors d'une naissance prématurée, tous ces rites sociaux s'effondrent et la mère se sent abandonnée. Toute l'attention est portée sur le bébé. Les proches sont souvent très gênés par la situation d'inquiétude au sujet de l'enfant et n'osent pas être présents. De plus, la séparation physiologique n'est pas compensée par la proximité physique et psychologique. La mère se sent inutile voire même gênante auprès de son bébé.


la culpabilité est également un sentiment très fort, culpabilité de n'avoir pas pu mener à terme la grossesse, de n'avoir pas pu empêcher cet accouchement, de faire vivre à l'enfant des moments si douloureux.

La maman de Marina dit : "On se sent un peu responsable" et celle de Célia : "On n'est pas fière d'avoir accouché d'un si petit".

Pour le père de ce bébé
L'accouchement prématuré n'interrompt pas aussi brutalement la construction de la fonction paternelle et le plus souvent le père garde un rôle essentiel. Il est le messager entre le bébé et la maman : messager des nouvelles, de la photo instantanée du bébé, de vidéos, de tissu coloré (que les mamans mettent contre leur peau pour ensuite le poser près du bébé dans la couveuse).

Il est d'emblée sollicité dans sa "préoccupation paternelle primaire" (Soulé). Il va aussi jouer, selon le terme de C. Druon, un rôle "d'initiateur". Il a souvent été présent au moment du transfert du bébé, il a reçu les premières nouvelles. C'est lui qui va présenter à sa femme leur bébé, les personnes qui s'occupent de lui, le service (le papa d'Antonin a filmé pour sa femme hospitalisée dans une clinique voisine le bébé dans sa couveuse, mais aussi les infirmières, la psychomotricienne et la salle des soins intensifs ! ! ! ).

Cette présence, en dehors de celle de la mère, s'étend sur une période très variable allant de quelques heures à plus d'une semaine.

Pour ces deux parents, en état de choc psychique, les premiers temps de cette naissance prématurée sont envahis par la préoccupation médicale et dans tous les cas " Perte, absence, deuil ou manque sont les mots qui viennent à l'esprit dans la situation de la prématurité à la naissance, même si très vite, dans bien des cas, les mécanismes de défense se mettent en place pour compenser cette expérience douloureuse qui pourrait déborder les capacités psychiques de l'être humain " ( Druon, 1996).

Nous allons voir comment les trois personnages de cette histoire vont pouvoir, petit à petit, se retrouver et nouer les premiers liens.
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