La vie après une mastectomie
Danielle Bédard combatante
Un jour comme tous les autres, Danielle Bédard prenait sa douche. Elle découvre alors une petite bosse dans son sein. Les jours n'ont alors plus jamais été comme les autres. Elle raconte.
Pas la peine de fumer, ni de boire, ni d'avoir des antécédents familiaux pour que le cancer du sein nous tombe dessus. Danielle avait alors 35 ans et une fille de trois ans et demi. Elle voyait sa gynécologue tous les ans et se faisait régulièrement un auto-examen des seins. Rien ne lui permettait alors à imaginer que la petite bosse qu'elle venait de trouver dans son sein pouvait être un cancer. Cette super woman très active n'y aurait pas pensé une seconde. Hélas... son docteur lui annonça dans une même phrase qu'elle avait un cancer, qu'elle avait déjà une autre masse, qu'elle allait devoir subir une ablation du sein et suivre un traitement de chimiothérapie qui lui ferait perdre ses cheveux. «Pour le tact, on va oublier ça. Mon médecin m'a aussi dit qu'il allait pouvoir me guérir à 20%. Les autres 80%, ça se passerait entre les deux oreilles. Dès lors, je n'avais plus qu'un choix : me battre.»
L'ablation du sein
Un mois plus tard, l'ablation du sein a lieu. «J'ai plus souffert moralement que physiquement. J'ai tout de suite eu une prothèse. Habillée, on n'aurait jamais pu se douter de quoi que ce soit. D'ailleurs, on m'a fait la cour à quelques reprises et je me disais : «S'ils savaient!» Mais chaque soir, quand je me déshabillais, je ressentais des coups de lames dans le coeur. Même si mon conjoint était très compréhensif, l'intimité me gênait.»
Deux ans après sa mastectomie, on propose à Danielle une autre opération pour lui restaurer le sein enlevé. «On ne procède à cette intervention que dans certaines conditions. D'abord, il faut être guérie. Puis, comme on prend de la peau de notre ventre, il ne faut pas avoir de vergetures. Cette opération est très douloureuse. Mais elle a très bien été faite. On m'a même refait un mamelon en prenant un peu de celui de mon autre sein! Ce que j'ai reproché à mon docteur, c'est de ne pas avoir parlé, au moment de l'ablation, de la possibilité de retrouver un deuxième sein. Je pense que cela aurait été beaucoup plus facile de tenir en sachant que la situation n'était que provisoire.»
Le regard que l'on porte sur soi-même est le plus important
Se faire poser un sein l'a-t-il aidée à retrouver sa féminité? «J'ai subi cette opération pour moi uniquement. Avant d'être opérée, mon mari m'a dit que si je faisais ça pour lui, il ne fallait pas le faire parce qu 'il m'aimait comme j'étais. Mais c'est le regard que l'on porte sur soi-même qui est le plus important. Je vis maintenant de longues périodes sans y penser et soudainement je me souviens : Ah oui, c'est vrai, il m'a manqué un sein! »
Dix ans plus tard, Danielle est guérie. «On ne peut crier victoire que cinq années après la découverte du cancer. Inconsciemment, chaque année qui passe est un soulagement, mais je n'y pensais pas de façon obsessionnelle.» Avec le recul, a-t-elle compris pourquoi cette épreuve lui a été infligée à elle? «Je ne l'ai toujours pas compris. J'ai lu énormément sur le sujet, mais je n'ai pas su ce que ce cancer devait m'apporter. J'ai vécu le moment présent toute ma vie, la maladie n'a pas eu à m'apprendre cela, c'était déjà fait!» La force intérieure de Danielle est rayonnante. Elle a décidé de mettre son expérience au service des autres femmes. Le principal message qu'elle leur adresse? «On peut réussir à être heureuse autant, sinon plus qu'avant. On acquiert une meilleure santé psychique. On se rend compte que seuls des êtres exceptionnels peuvent endurer ça. Nous sommes donc des êtres exceptionnels! Il ne faut jamais lâcher. Le temps arrange les choses. Et on est plus beaux après qu'avant . Peut-être pas dans son corps, mais dans sa tête.»
Les sources d'entraide
Le Service d'information sur le cancer:
un service téléphonique personnalisé, bilingue, national, sans frais, pour répondre à vos questions sur le cancer ou encore pour vous trouver un service dans votre communauté (groupes de soutien ou soutien individualisé):
1 888 939-3333.
Le répertoire des services à la communauté:
un répertoire en ligne de plus de
4 000 services offerts dans toutes les communautés canadiennes; des informations sur l'endroit où vous pouvez trouver de l'aide dans votre coin.
http://info.cancer.ca/f/srv/main.html
Le site web:
www.cancer.ca
une mine de renseignements sur le cancer, les services offerts à la communauté (aide financière, matérielle, hébergement, etc.), l'éducation, la défense de l'intérêt public, le bénévolat et les activités de financement...
Pour qui?
Ces services répondent aux besoins
des gens atteints du cancer,
de leurs proches,
de celles qui ont dû subir une mastectomie ou tumorectomie,
et des gens qui veulent faire du bénévolat...
