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 Pédophilie: que fait l'école ?

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MessageSujet: Pédophilie: que fait l'école ?   Pédophilie: que fait l'école ? EmptyMar 10 Oct - 15:19

Pédophilie: que fait l'école ?

Comment et pourquoi des agresseurs parviennent à infiltrer le réseau scolaire. Enquête sur les effets pervers d'un système.

C'EST LE CAUCHEMAR de tout parent: un prédateur sexuel en liberté dans le réseau scolaire, un homme comme René Gosselin, ex-enseignant à l'école des Quatre-Vents à Beauport, près de Québec.

Le «pédagogue» de 41 ans aimait par-dessus tout les ateliers de lecture et d'informatique où il pouvait s'asseoir sur la même chaise que ses élèves de six à huit ans. «Les aidant d'une main, il les caressait de l'autre», relate un jugement de la Cour du Québec qui, en juin 1998, a condamné le pédophile à 30 mois de pénitencier.

Collègues de travail et patrons ont accusé le coup: jamais ils n'avaient douté de la probité de Gosselin, que tous considéraient comme un excellent pédagogue.

Les autorités scolaires ont bien sûr raison d'affirmer que la grande majorité de leurs enseignants sont dénués de toute intention malveillante à l'endroit des enfants qui leur sont confiés. Mais ce beau modèle souffre des exceptions. Et elles sont plus nombreuses qu'on ne le croit généralement.

Lors d'une enquête, dont le rapport a été publié en avril dernier, le juge Sydney Robins a répertorié plus de 200 cas de mauvaise conduite sexuelle en milieu scolaire dans les 10 dernières années au Canada. «Au cours de ma carrière, s'est indigné le magistrat, j'ai eu affaire à quelques reprises à des professeurs abuseurs. Mais je n'avais aucune idée de l'ampleur du problème.»

Pire, il soutient que les chiffres avancés dans son rapport ne fournissent qu'un faible aperçu de la réalité. «Il est probable que la plupart des cas d'agressions ou d'abus sexuels ne sont pas rapportés.» Et s'ils ne le sont pas, c'est que les victimes se taisent et que les autorités scolaires ne veulent souvent pas croire le pire... A tel point que le rapport Robins n'hésite pas à épingler gouvernements, commissions scolaires et syndicats pour leur façon de gérer l'épineuse question des délits sexuels à l'école.

A preuve, il n'existe aucune étude nationale ou provinciale permettant d'évaluer la situation. Les autorités gouvernementales, quant à elles, ne disposent pour la plupart d'aucune statistique. Une enquête de Sélection du Reader's Digest a néanmoins établi que plus de 750 professeurs canadiens ont vu leur permis d'enseigner révoqué depuis que provinces et territoires compilent des statistiques.

Mais le flou demeure sur les motifs de ces révocations. En fait, seuls l'Ontario, l'Ile-du-Prince-Edouard et les Territoires du Nord-Ouest fournissent une réponse précise (voir encadré). La Colombie-Britannique, le Manitoba et Terre-Neuve admettent que «la plupart» des révocations sont attribuables à des délits sexuels.

Les autres provinces, dont le Québec, ne sont pas en mesure de commenter ces chiffres. Seul leur manque de volonté de se débarrasser des indésirables ressort de cet étrange silence: en 12 ans, la Colombie-Britannique a révoqué une centaine de ses enseignants. En 40 ans, le Québec ne l'a fait que 34 fois !

Course d'obstacles

Sélection a aussi interrogé les autorités scolaires dans tout le Canada. Que font-elles pour éviter que des prédateurs sexuels ne se glissent parmi les quelque 300000 enseignants du primaire et du secondaire ? Pas grand-chose pour la plupart !

Seules trois provinces -- l'Ontario, la Colombie-Britannique et le Manitoba -- et les territoires décernent un permis d'enseigner après vérification du casier judiciaire. Les autres laissent aux commissions scolaires le soin de «filtrer». Et la chose n'est pas facile. C'est même un véritable casse-tête. Au Québec, les 72 commissions scolaires se contentent souvent d'étudier le dossier d'un candidat.

Certaines, comme celles des Hautes-Rivières et des Affluents, demandent dans leur formulaire d'embauche si le postulant a «déjà été reconnu coupable d'une infraction criminelle ayant un lien avec l'emploi».

Mais nombreuses sont les commissions qui ne posent même pas la question ou qui ne vérifient pas la réponse, croyant à tort que la Charte des droits et libertés de la personne les en empêche. De toute façon, à quoi bon vérifier ? Il suffit à un pédophile condamné à Sherbrooke de taire cet épisode de son existence s'il veut trouver du travail ailleurs.

A moins de savoir précisément où chercher, la commission scolaire qui l'emploiera n'aura aucun moyen d'accéder à son fichier. Seule la police, qui a accès aux fichiers centralisés, aurait une chance de s'y retrouver, mais rares sont les commissions scolaires qui, moyennant 35 $, demandent une recherche d'antécédents judiciaires. Pourquoi ? Parce qu'elles ont besoin pour ce faire de l'autorisation de l'enseignant. Or la Fédération des syndicats de l'enseignement (70 000 membres) n'envisage pas d'un bon œil que l'on explore le passé de ses membres.

«Vouloir protéger les jeunes est louable, admet Luc Joncas, de la Fédération, mais nous ne croyons pas la vérification judiciaire capable d'atteindre complètement ces objectifs. [...] Elle présente l'inconvénient de nier le droit à la réhabilitation, tout en constituant une intrusion dans la vie privée.»

«Je peux comprendre les inquiétudes devant cette intrusion, rétorque le juge Sydney Robins, mais si un enseignant a été condamné ou a perdu son autorisation d'enseigner pour des délits sexuels envers des enfants, cela doit être su.»

A quoi jouent les commissions scolaires ?

Certes, l'examen d'un casier judiciaire ne règle pas tout. Obligé de se plier à une telle formalité, le candidat a tout le loisir de disparaître s'il a quoi que ce soit à se reprocher, pour réapparaître en des lieux moins inquisiteurs. De plus, un casier judiciaire est expurgé d'une condamnation après cinq ans s'il n'y a pas eu récidive et que l'individu a obtenu un pardon.

Malgré ces failles, les partisans de la vérification judiciaire en parlent comme d'une mesure importante.

«En dépit de ses limites, l'examen des dossiers criminels constitue un moyen relativement peu coûteux d'écarter des candidats qui ont par le passé commis des délits sexuels sur des enfants», soutient Nico Trocmé, directeur d'une unité de recherche sur la protection des enfants à l'université de Toronto.

Les autorités scolaires québécoises souhaiteraient de la part de la Commission des droits de la personne une plus grande souplesse.

«Nous sommes tenus à deux obligations souvent incompatibles: la pression sociale, qui nous pousse à agir rapidement en cas de doute..., et la présomption d'innocence, qui nous incite à la prudence», explique Alain Thibault, coordonnateur au service des ressources humaines de la Commission scolaire Rivière-du-Nord.

Voilà justement le hic: de nombreux dirigeants croient ne disposer d'aucun outil ou encore ignorent la latitude dont ils disposent devant la loi pour protéger leurs élèves. «Je ne maîtrise pas la Charte des droits, lance Michel Nadeau, directeur du service des ressources humaines de la Commission scolaire de Portneuf. Si l'on procédait à un sondage auprès de mes collègues québécois, on trouverait probablement que peu d'entre eux savent que le formulaire d'embauche constitue la première étape nous permettant d'en savoir plus sur le passé judiciaire d'un candidat en matière de délits sexuels.»

Mario Many, chauffeur d'autobus scolaire à Saint-Jean-sur-Richelieu, a été condamné au printemps à 18 mois de prison pour divers délits sexuels sur des garçonnets. La compagnie de transport qui l'employait n'avait pas pris la peine d'examiner les antécédents judiciaires de l'homme de 45 ans. Quant à la Commission scolaire des Hautes-Rivières, dont Many transportait les enfants, elle juge n'avoir aucune raison de se livrer à ce genre d'enquête. Pourtant, si on avait un peu fouillé, on aurait découvert que Many avait été plusieurs fois condamné pour des délits d'ordre sexuel depuis 1987...

Depuis octobre, la commission scolaire vérifie systématiquement le passé des postulants. «Nous agirons ainsi tant et aussi longtemps que la jurisprudence ne nous en empêchera pas», jure le directeur général, Pierre Buisson.

«Personne ne te croira»

Le pédophile est capable de déployer des trésors d'imagination pour arriver à ses fins. «Il est gentil, doux, peut se montrer très affectueux et faire montre d'une grande ouverture en entrevue de sélection», explique un ancien cadre d'une commission scolaire qui souhaite conserver l'anonymat. A l'âge de 10 ans, il a lui-même subi les assauts d'un professeur. «Mes parents ne voulaient pas me croire...»

«Les abuseurs utilisent rarement la violence, rapporte Louise Geoffrion, directrice du Centre d'aide aux victimes d'actes criminels de Montréal. Ils sont même plutôt séducteurs, mais constituent pourtant une vraie menace. Le «si tu parles, personne ne te croira» peut faire en sorte que les dévoilements tardent.»

Le psychologue ontarien Peter Jaffe a souvent eu affaire à des victimes d'abus sexuels en milieu scolaire. «Leur souffrance est énorme, déclare-t-il. En grandissant, ces enfants sont susceptibles de sombrer dans l'alcoolisme et la toxicomanie, de commettre des tentatives de suicide. Adultes, ils peuvent éprouver des désordres sexuels, se montrer méfiants envers les gens et devenir très anxieux à l'idée d'envoyer leurs enfants à l'école.»

Les experts s'entendent pour dire que les délits sexuels qui surviennent à l'école sont dévastateurs. «C'est un abus de confiance, s'emporte Gary Stronach, président de la Fédération des comités de parents de la province de Québec depuis 1989. Car nous apprenons aux jeunes qu'en cas de problèmes ils peuvent se confier à leur professeur...»

Les pédophiles sont d'autant plus dangereux qu'ils visent spontanément des jeunes issus de familles dysfonctionnelles. Sans doute parce qu'ils savent «qu'au lieu de se plaindre, les parents se montrent au contraire enchantés que leur enfant se soit trouvé un ami, un protecteur, dit Jaffe. La trahison est encore plus cruelle.»

S'il est habile, le pédophile peut ¦uvrer en toute impunité pendant de longues années. Ainsi, il aura fallu que David Wadsworth, directeur adjoint d'une école de Pointe-Claire, soit pris en possession de matériel pornographique juvénile en décembre 1999 pour qu'éclatent au grand jour 15 histoires d'agression sexuelle, de grossière indécence et d'attentat à la pudeur. Entre 1979 et 1986, Wadsworth aurait agressé huit enfants, alors élèves d'une école primaire de Pincourt.

Limiter les dégâts

Lorsque le pot aux roses est découvert, rien ne garantit que le pédophile déserte à tout jamais les rangs professoraux. D'autant plus que les commissions scolaires se font de plus en plus frileuses devant la fréquence des fausses accusations, portées par des élèves en mal d'attention ou avides de vengeance.

«Dans la vie courante, accuser quelqu'un d'abus sexuels n'est déjà pas facile...» commente Yves Gougeon, directeur général de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord.

Mais, même quand les autorités scolaires ont un bon dossier entre les mains, les preuves sont difficiles à réunir et l'enseignant a toujours la possibilité de démissionner.

«Il y a en effet des cas où il n'y a pas de congédiement parce que l'enseignant démissionne», admet Michel Simoncelli, de la Commission scolaire des Affluents.

Une solution qui, souvent hélas, satisfait tout le monde: l'enseignant n'aura pas à subir l'opprobre public, et les autorités économisent temps, argent et énergie.

«Face au syndicat qui défend l'enseignant bec et ongles, ajoute Gary Stronach, la direction de l'école sait qu'elle doit monter un dossier sans faille et qu'elle va devoir garder le professeur en poste tout au long des procédures. Elle peut donc choisir de régler la situation en mutant l'enseignant.»

Ainsi, en «limitant les dégâts», la commission scolaire s'évite bien des dépenses. L'enseignant, lui, démissionne ou poursuit sa carrière au sein d'une autre école. Il s'en tire avec un dossier sans tache. Et le syndicat a sauvé l'honneur.

Peu de révocations: danger !

Qui dit congédiement ne dit pas nécessairement révocation du permis d'enseigner. Au Québec, seul le ministre de l'Education a le droit d'user de ce «dernier recours» sur recommandation d'un comité d'enquête. Encore faut-il qu'une plainte soit déposée, retenue... et que la procédure aboutisse.

«A ma connaissance, affirme Gary Stronach, jamais un tel comité n'est allé jusqu'à ce qu'on appelle dans le milieu la «peine capitale»: la révocation.

«J'ai moi-même siégé à un comité, poursuit-il. Il s'agissait d'un cas d'abus sexuel pour lequel l'enseignant avait été acquitté. La commission scolaire l'avait tout de même congédié et avait déposé une plainte. Le gars a répliqué avec un grief pour congédiement abusif. La veille de la dernière séance, au bout de deux ans, les parties se sont entendues pour finalement retirer leur plainte. Je crois que le professeur continue d'enseigner ailleurs.»

Mais, même si le processus de révocation ministérielle était reconnu pour son efficacité, il serait en butte à la loi du silence qui fait que les commissions scolaires ne sont pas tenues de signaler leurs «éléments déviants» au Ministère.

Pour le moment, seuls le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Colombie-Britannique et l'Ontario se sont dotés d'une loi obligeant les commissions scolaires à rapporter toute condamnation. Et seules ces deux dernières provinces disposent d'un ordre professionnel des enseignants, peut-être l'arme absolue contre la récidive des pédophiles dans les écoles. Ces organismes vont jusqu'à divulguer sur Internet les noms des professeurs dont le permis a été révoqué en prenant soin d'en indiquer les motifs.

Au Québec, un tel ordre professionnel pourrait voir le jour d'ici un an ou deux. C'est du moins le souhait de la Fédération des commissions scolaires du Québec et du Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec, qui en a fait la demande il y a trois ans. L'organisme ferait office de contrepartie face aux syndicats qui, seuls représentants du corps enseignant, n'ont pour l'instant pas d'opposition lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts de leurs membres.

En attendant, «on fait ce qui peut être fait et, pour le reste, on espère», admet Pierre Buisson, de la Commission scolaire des Hautes-Rivières.

Pendant ce temps, commissions scolaires, organisations syndicales et autorités gouvernementales continuent, faute de moyens ou de volonté politique, de faire le jeu des prédateurs sexuels. Une situation dont tout le monde semble s'arranger. Tout le monde, sauf les enfants bien sûr.
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